Prenons garde au feu qui couve sous la cendre…

Sommes nous confrontés à un sinistre qui ressemble à un incendie de forêt ? Une fois le brasier éteint, les pompiers veillent des jours durant pour éviter de nouveaux départs de feu. Ils savent que le plus grand danger provient de ces braises souterraines qui se propagent de racines en racines, couvent sous la cendre avant de ressurgir plus loin à la faveur d’un trou de terrier, de brindilles, de la proximité de broussailles faisant renaître des flammes attisées et projetées au loin par un vent mauvais. Sommes-nous, de la même manière, sous la menace d’un embrasement général ?

Les échéances sont passées. Malgré l’opposition d’une majorité de Français, les manifestations nombreuses, les violences qui les ont accompagnées, la loi portant réforme des retraites est, pour l’essentiel, validée et a été promulguée. L’incendie serait donc éteint et nous sommes invités à passer à autre chose. Mais c’est sans compter avec le feu qui couve sous les cendres. Le mécontentement, l’absence de considération, la désespérance sociale que renforcent les difficultés liées à l’inflation et l’inquiétude du lendemain sont autant de braises que recouvrent à peine des cendres encore chaudes

Dans notre démocratie, le respect de la légalité républicaine impose de se soumettre à la loi dès lors que celle-ci a été adoptée, reconnue conforme à la Constitution et promulguée. Cependant en démocratie, les symboles comptent autant que la légalité. Et en matière de symboles, force est de reconnaître que nos gouvernants ont accumulé des faux-pas qui ajoutés les uns aux autres, produisent un carburant hautement inflammable.

Symbole que l’âge de 64 ans autour duquel se sont cristallisées les oppositions lorsque la Première Ministre a annoncé que cela ne serait pas négociable alors même qu’elle avait précédemment affirmé qu’il n’y aurait aucun tabou ! Symbole que le procédé visant à utiliser une loi de Finances rectificative de la Sécurité Sociale donnant ainsi l’impression que sur un sujet éminemment sensible*, un artifice de procédure pouvait régler rapidement la question ! Symbole encore ce cafouillage navrant sur les pensions minimales à 1200 Euros pour s’apercevoir in fine qu’un nombre réduit de retraités était concerné. Symbole toujours avec ce recours à l’article 49-3 de la Constitution qui, bien que conforme aux règles de nos institutions, aboutissait à l’adoption sans vote, faute de majorité, d’un texte pour le moins controversé. Symbole enfin que cette promulgation en milieu de nuit car si nul ne peut faire le reproche à Emmanuel Macron d’avoir voulu régler rapidement la question et de l’avoir fait seul (cette prérogative revient au seul chef de l’Etat), l’opération semblant menée en douce fait pour le moins mauvais effet !

Ne revenons pas sur la nécessité ou non de procéder à une réforme de notre système de retraite. Retenons seulement la méthode employée. Nos gouvernants ont cru que sur un tel sujet, il pouvait se contenter de respecter la logique des institutions. Et faute d’avoir au préalable établi les conditions d’un véritable dialogue social, ils se sont contentés d’une confrontation au Parlement avec des oppositions disparates et sans véritable contre-projet. Peut-être même ont-ils cru que les insultes et l’indignité du comportement des députés insoumis allaient leur donner le beau rôle ! Quelle naïveté ! Si ceux-ci se sont durablement discrédités, nos gouvernants n’en ont aucunement tiré parti.

Puisqu’un véritable dialogue n’avait lieu ni avec les partenaires sociaux ni au Parlement, la défaite de la démocratie était actée. Pour débattre, ne restaient alors plus que la sphère médiatique, les réseaux sociaux et la rue. Lieux privilégiés de tous les simplismes et de toutes les contre-vérités, de toutes les approximations et de tous les débordements. La machine infernale était lancée se nourrissant quotidiennement de polémiques sur l’emploi des seniors et les carrières longues, la prise en compte de la pénibilité, les injustices faites aux femmes ou les pensions minimales… Tout cela accompagné de témoignages distillant la dose d’émotion permettant à chacun de s’identifier comme victime potentielle d’une injustice à venir. En période d’inflation galopante, une nouvelle angoisse s’est ajoutée à celle des fins de mois difficiles…

Au final, le gouvernement peut se donner l’impression d’avoir remporté la partie. Victoire à la Pyrrhus puisqu’en réalité il n’y a que des perdants. Perdant, le gouvernement qui a raté l’occasion de mettre en oeuvre une manière de réformer qui puisse enfin couper l’herbe sous les pieds de ses adversaires les plus résolus. Perdantes les oppositions qui ont révélé à droite comme à gauche, leur incapacité à développer des contre-propositions susceptibles de convaincre au moins une large part de l’opinion et à faire entendre la voix de la raison. Perdants, nombre de nos concitoyens qui sortent de cette séquence politique convaincus qu’ils sont les dindons de la farce et qu’ils n’ont plus rien à attendre ni de ce gouvernement ni de nos institutions. Perdante enfin et surtout notre démocratie parlementaire qui a connu à cette occasion des ébranlements, agressions et menaces que l’on croyait d’un autre âge**

Le désenchantement  a laissé place au ressentiment et à la haine. Les plus dangereux car les plus explosifs des carburants politiques. Alors, oui, prenons garde au feu qui couve sous la cendre…

*Nos gouvernants avaient-ils oublié que pour le même motif, la France s’est retrouvée à l’arrêt deux mois durant à l’automne 1995 ?

** A Paris et à l’extérieur de nos frontières, les adeptes des ”démocraties illibérales” et les représentants des régimes autoritaires ont observé goguenards le spectacle de nos débats parlementaires… 

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Démocratie en quête de dialogue

La séquence parlementaire qui s’achève ne fait pas honneur à notre démocratie ! Le recours à un artifice de procédure par le biais d’un projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale ; un débat confisqué à la fois par les manoeuvres gouvernementales*, le dépôt de milliers d’amendements qui confine à l’obstruction et le recours permanent à l’insulte par les députés insoumis ; un texte qui, en définitive se trouve adopté alors même qu’il n’a pas fait l’objet d’un vote par l’Assemblée Nationale**… Et faute de dialogue avec les partenaires sociaux, faute d’un vrai dialogue au sein du Parlement, c’est désormais dans la rue, dans les piquets de grève, que s’expriment colère et frustration. Au point de rendre la situation explosive.

Peut-être fallait-il réformer notre système de retraites ? Ne serait-ce que pour tenir compte des réalités démographiques, du déséquilibre croissant entre actifs cotisants et retraités, et de l’allongement de la durée de la vie. Sans doute aurait-il fallu le faire autrement pour mieux prendre en compte les carrières longues, la pénibilité, les carrières hachées qui pénalisent les femmes, etc. Mais désormais, tout se passe comme si la question posée n’était plus celle de l’avenir de notre système de retraites : nous en sommes à la cristallisation de colères diffuses, d’incompréhensions permanentes, de cafouillages de communication qui aboutissent au seul rejet de la personne même du Président de la République. 

Je ne suis pas de ceux qui proclament depuis des mois, souvent même depuis son accession à l’Elysée en 2017, ”c’’est la faute à Macron”. Car enfin, ceux-là ont-ils oublié l’accumulation de faux pas, de trahisons, de dérives idéologiques, d’accommodements mortifères et de reniements dans leurs camps respectifs qui ont largement contribué à l’effondrement auquel nous assistons ? Et si la personnalité d’Emmanuel Macron a pu émerger en 2017, n’est-ce pas précisément en raison même de la déliquescence de leurs propres familles politiques***, parce qu’ils n’ont cessé de donner des coups de butoir à un édifice fragilisé au cours des quinquennats successifs de Nicolas Sarkozy et François Hollande ? 

Nous sommes donc arrivés au point ultime d’une crise démocratique qui ne date pas d’hier. Au-delà de la question du rapport entre le Président de la République et l’opinion, la seule question qui vaille est : comment en sortir ? Sommes nous condamnés à l’épreuve de force qu’appellent de leurs voeux les adeptes de la conflictualité ?

Il semblerait que le Président de la République s’en tienne – pour le moment – à une lecture toute institutionnelle de la situation. Et après tout, celle-ci lui donne raison : les députés ont pris leurs responsabilités en ne votant pas les motions de censure ; le projet gouvernemental est adopté ; le gouvernement n’est pas renversé. Il peut donc passer à autre chose et poursuivre son mandat comme si de rien n’était, sans dissolution ni recours au référendum, sans même remaniement ministériel. Tout cela en pariant sur l’essoufflement du mouvement de contestation et, inflation aidant, sur la lassitude de l’opinion. 

Sauf que, d’une part, ce pari est risqué car les violences de la rue peuvent être fatales pour une démocratie déjà fragilisée. D’autre part, le principe de réalité imposera tôt ou tard au chef de l’Etat de tenter de renouer avec l’opinion une relation mise à mal par une accumulation de maladresses, de déclarations inopportunes et d’obstination qui, au bout du compte donne l’impression d’une arrogance qui n’est pas de mise. 

La querelle en légitimité d’Emmanuel Macron à raison des voix qui lui étaient hostiles mais se sont reportées sur lui pour contrer Marine Le Pen n’a pas lieu d’être. Et l’on ne saurait la mesurer à l’aune des seuls électeurs qui avaient voté pour lui au premier tour. Rappelons en effet qu’à ce compte-là, peu de Présidents de la Vème République auraient acquis un brevet de légitimité. Il n’empêche : ce vote là ”l’oblige” comme il l’a lui même fait observer au soir de sa réélection. Il en résultait pour lui une ardente obligation : celle de faire du dialogue une méthode de gouvernement. Sa Première Ministre l’avait même annoncé dans son discours de politique générale. Mais en la matière, il a échoué autant par défaillance personnelle et incapacité de son gouvernement à la mettre en oeuvre que parce qu’ils se sont trouvés confrontés à des adversaires qui en refusaient l’idée même. Or pour dialoguer, il faut être deux…

Aujourd’hui, renouer les fils d’un dialogue républicain constitue la première urgence. Cela impose d’abandonner la culture de la confrontation pour rechercher des compromis. Cela implique aussi que chacun prenne enfin en compte l’idée que ses interlocuteurs, quels qu’ils soient, puissent être porteurs d’une vérité – fut-elle dérangeante pour ses propres certitudes. 

Compte-tenu de la logique de nos institutions, il revient au Président de la République d’en prendre l’initiative. Est-il prêt à le faire ? Pour que le dialogue s’engage, saura-t-il trouver les mots pour apaiser d’abord et convaincre ensuite de sa volonté de le mener à bien ? Et trouvera-t-il des interlocuteurs qui sauront abandonner leurs postures et l’invective et dépasser leurs intérêts partisans ? Il est des circonstances où chacun doit prendre ses responsabilités.

Emmanuel Macron est aujourd’hui au pied du mur. Mais il n’est pas le seul  !..       

* Parmi ces manoeuvres, citons le recours à l’article 47-1 de la Constitution limitant les débats à cinquante jours au total, dont vingt jours pour la première lecture à l’Assemblée Nationale, mais aussi la suppression de dizaines de sous-amendements au Sénat, ou encore l’accélération des débats à la Haute Assemblée en activant des points de règlement du Sénat.   

** La querelle autour du caractère anti-démocratique de l’article 49-3 de la Constitution est sans doute compréhensible mais mal venue pour deux raisons. D’une part cet article n’est autre qu’un appel à la prise de responsabilité par les députés : en censurant le gouvernement, ils s’exposent au risque de dissolution avec le retour toujours aléatoire devant les électeurs. D’autre part, n’oublions pas que sous la Vème République, c’est Michel Rocard, alors Premier ministre de François Mitterrand qui a eu le plus recours à cet article 49-3. Michel Rocard dont nul ne saurait remettre en cause la qualité de démocrate. 

*** Cette déliquescence se retrouve sur bien des sujets, notamment  celui des retraites. Les socialistes, par exemple, semblent avoir oublié aujourd’hui que les 43 annuités nécessaires pour une retraite à taux plein ont été imposées par la Loi Touraine adoptée par une Assemblée majoritairement socialiste sous le quinquennat de François Hoillande… Quant aux députés Républicains qui ont répugné à voter le projet de réforme ont-ils oublié que le projet de leur parti proposait de porter à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite ? On a les cohérences qu’on peut ! 

 

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Il nous faudra choisir…

Les mots et les images ne diront jamais la souffrance d’un peuple, les pleurs des enfants terrorisés sous le fracas des bombes, les larmes des femmes endeuillées. Ils ne diront jamais les vies brisées d’hommes mutilés ou la lente agonie de ceux qui, dans la nuit glacée, savent qu’aucun secours ne viendra apaiser leurs souffrances. Ils ne diront jamais les flots de sang, l’odeur des charniers, les corps disloqués, la poussière et la cendre qui retombent comme des linceuls lorsque se taisent les canons et les sirènes. 

Quelle que soit l’audace des reporters qui, au risque de leur vie, vont au plus près des combats, ce que nous saurons de la guerre est bien loin de sa réalité. Parce que nous la regardons dans le confort douillet de nos salons avec un toit au dessus de nos têtes, derrière des murs qu’aucun obus n’est venu éventrer. Parce nous la lisons dans nos journaux, tranquillement assis à la terrasse d’un bistrot ou calés dans un fauteuil sans risque d’être saisis par le froid, sans crainte pour nos vies et celle de nos proches. 

Voilà douze mois que la guerre fait partie de notre quotidien. Elle est là bouleversant des vies, transformant les uns en héros qui s’ignoraient, d’autres en survivants qui tentent de faire leur devoir,  et d’autres enfin en salauds et en assassins. Elle est là qui forge l’âme d’une nation et lui permet de trouver au-delà de son épuisement des raisons d’espérer.  Et, dans le même temps, elle avilit le pays qui la mène, entrainé par la folie meurtrière d’un homme qu’obsède une grandeur disparue. 

On peut gloser à l’infini sur les responsabilités des uns et des autres dans le déclenchement de ce conflit. On peut remonter à la chute de l’empire soviétique. On peut accuser de bien des fautes l’impérialisme américain, l’OTAN, nos démocraties occidentales, l’Union européenne même, mais enfin, soyons sérieux ! Les Polonais, les Tchèques ou les habitants des républiques Baltes gardent dans leur chair la mémoire du totalitarisme russe qui s’est imposé à eux des décennies durant. Ce qui les a conduits, sitôt libérés du joug soviétique, à rechercher dans l’adhésion à l’OTAN, la protection des USA. Les Ukrainiens eux-mêmes gardent la mémoire de la grande famine orchestrée par Staline et qui fit plusieurs millions de morts. Ce qui les conduisit à accueillir sans trop de réticence les troupes allemandes  en 1941, d’où la rhétorique de Poutine sur la ”dénazification” de l’Ukraine. Alors, qui menace qui ? 

La guerre est là, avec ses responsabilités entre-mêlées, avec la certitude des uns et des autres d’appartenir au ”camp du bien”, tandis que la vérité se loge dans les zones grises de l’Histoire que seuls le temps et le travail des historiens permettront de démêler. Pour autant, que nous le voulions ou non, cette guerre nous contraint tôt ou tard à choisir. Choisir entre la démocratie et la dictature. Choisir entre l’état de droit et la loi du plus fort. Choisir entre la vérité et le mensonge. 

Oui, l’Ukraine ne saurait être parée de toutes les vertus. Mais ce pays a choisi tout à la fois le camp de la démocratie et le rapprochement avec l’Europe occidentale. Deux décisions qui ont suffi à provoquer la fureur du maître du Kremlin. 

Face à l’Ukraine, la Russie est un état totalitaire, tenu par une caste corrompue, dirigé d’une main de fer par un autocrate paranoïaque pour lequel la vie humaine est tenue pour quantité négligeable. Un état dans lequel les droits humains les plus élémentaires sont bafoués, où la liberté de la presse et la liberté d’expression sont niées. Un état enfin où seule compte la force, autorisant une violence qu’aucune règle ne vient encadrer, qu’aucun contrôle ne peut limiter. 

Le peuple russe, soumis à la seule volonté du maître du Kremlin, ne parvient pas à se défaire du joug d’un état omniprésent. Ce n’est pas lui faire injure que de faire ce constat. Pas plus que de faire observer qu’il n’a pas tiré les leçons de sa propre histoire, préférant rejeter dans l’oubli les combats de Soljenitsyne et de Sakharov, et les millions de morts du Goulag.

Bien évidemment, la guerre est aussi affaire de communication. Et la propagande s’y entend à merveille pour permettre à un ancien comédien devenu chef de guerre de galvaniser son peuple et d’électriser les aréopages de tous ordres et de toutes nations devant lesquels il intervient régulièrement en visioconférence. Pour autant, si l’on émet quelques réserves à son endroit, cela doit-il nous faire oublier les affabulations du maître du  Kremlin ? Cela doit-il nous faire oublier que le mensonge est devenu le mode de gouvernement de Moscou ? Que ce sont le plus souvent des officines russes tenues par des oligarques proches de Poutine qui répandent des ”vérités alternatives” sur les réseaux sociaux, dans le but de faire basculer les opinions publiques occidentales ?   

Alors oui, impossible de renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, la Russie et l’Ukraine. Oui, entre la démocratie et la dictature, mon choix est fait ! Entre une nation qui entend prendre en mains son destin et un pays qui ne respecte pas l’état de droit et foule aux pieds les traités qu’il a signés, mon choix est fait ! Entre la vérité et le mensonge, mon choix est fait !

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Déclin ?..

Le pire n’est pas certain ! Pourtant, des lézardes apparaissent partout dans l’édifice de ce que fut une nation  forte, jalousée parfois, mais le plus souvent respectée. La Poste abandonne sa mission de service public sans se préoccuper des fractures territoriales qu’elle va provoquer. Notre système de santé que bien des pays nous enviaient est aujourd’hui à bout de souffle. Notre modèle éducatif peine à faire acquérir les savoirs les plus élémentaires à nos enfants et reproduit les inégalités sociales et culturelles qu’il avait pour mission de corriger. Notre Justice est à la peine. Notre diplomatie n’est plus que l’ombre d’elle-même. Notre industrie florissante et notre indépendance énergétique ne sont que de lointains souvenirs. Quant à l’intégration de populations venues d’ailleurs, nous nous en sommes si bien occupés que des quartiers entiers sont entrés dans une dissidence que ne parvient guère plus à camoufler la politique du ”pas de vague” qui avait prévalu jusque-là….

Nous pourrions poursuivre longtemps la désespérante litanie de ces constats qui illustrent le lent mais inexorable déclin de notre pays. Hélas, chaque fois, ce sont les moins favorisés qui pâtissent le plus de ces défaillances et de ces abandons. On peut, bien sûr, s’exclamer : ”c’est la faute à Macron !”, ce qui nous éviterait toute réflexion sérieuse sur le sujet. On peut aussi en rejeter la faute sur un libéralisme débridé à l’oeuvre depuis des décennies et dont on peine à entraver la marche. Ce serait oublier les considérations politiciennes, les accommodements idéologiques et les aveuglements qui ont prévalu des décennies durant dans chacun des domaines cités plus haut. 

On peut enfin considérer que l’Etat n’est pas pour rien dans ce déclin : une machine administrative qui échappe souvent aux élus et veille jalousement à préserver son autonomie. Un Etat, hypertrophié et fort dispendieux par ailleurs, qui ne cesse de se mêler de tout, et multiplie les réglementations comme pour se donner l’illusion qu’il maîtrise des situations concrètes qu’il ignore par ailleurs. Le paradoxe est que cela le distrait d’assumer pleinement les fonctions régaliennes qui sont les siennes et d’être un stratège apte à dessiner notre avenir. Bref, un Etat omniprésent et impuissant en même temps ! 

De Bercy à la rue de Grenelle, de la place Vendôme à l’avenue de Ségur, les couloirs des ministères vivent au rythme de l’urgence à laquelle répondent nos élites en multipliant les dispositifs anti-crise et des plans qui sont autant de tentatives de colmater des brèches ouvertes depuis trop longtemps. Et, dans ce contexte, peu importe que les dépenses publiques s’envolent sans que des garanties soient apportées quant au résultat attendus à long terme ! Chacun sait que la facture sera renvoyée à plus tard…

Alors, nous pourrons continuer à nous étriper autour de l’âge de départ à la retraite, ce qui fait plutôt rigoler nos voisins qui sont loin d’avoir les mêmes avantages que nous. Nous pourrons toujours regarder avec bienveillance les défilés des mécontents et préférer le confort douillet de notre immobilisme au changement. Nous pourrons enfin continuer à rester sourds aux signaux d’alarme qui résonnent de tous côtés. 

C’est ainsi que, lassé d’être ce qu’il fut, notre pays poursuivra son déclin. Sans se soucier des séismes à venir. 

Alors pour 2023, pourquoi ne pas nous souhaiter lucidité et courage ?..

 

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Que déborde la joie de Noël !

Nous courons après des trains qui ont déserté. Nous nous agitons dans les derniers préparatifs d’une fête qui devrait aussi apporter un peu de lumière à ceux qui désespèrent : enfants abandonnés sur les routes de la guerre et de l’exil, femmes qui accouchent dans la nuit de la solitude et de leur pauvreté, vieillards relégués au fond des couloirs d’un EHPAD, hommes qui subissent la torture derrière les murs de leurs prisons, peuples qu’écrasent les bombes… Pour eux, ce soir, osons un geste de fraternité !  

Car il n’y a pas de trêve de Noël pour les cyniques et leurs alliés que sont les lâches et les indifférents ! Les uns manient les armes. Les autres – dont nous sommes parfois – se réfugient dans l’abondance et le confort douillet de leurs foyers pour regarder ailleurs, dans un aveu d’impuissance qui les arrange. Et si cette nuit une porte ouverte, une main tendue, un geste de pitié apportaient à ceux qui connaissent la souffrance, la tristesse et l’angoisse du lendemain, le répit dont ils ont besoin, un sourire, une lueur d’espoir ?  Et si cette nuit, nous osions enfin être de ceux qui s’aventurent dans la nuit une lampe à la main pour faire vivre le mot de fraternité ?

Que la joie de Noël déborde de nos coeurs et franchisse les murs de nos maisons… Très joyeux Noël à tous !

 

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L’histoire d’un bateau…

C’est l’histoire d’un bateau. Un bateau qui a parcouru la Méditerranée, emportant avec lui 600 migrants à la recherche d’une terre où ils pourraient enfin vivre en paix. C’est l’histoire de ces femmes et de ces hommes qui avaient connu le viol, les massacres et les pillages, les destructions et la misère. Ils avaient tout abandonné, leur village, leur pays pour fuir ceux qui y semaient la mort. Mais jamais ils n’oublièrent de transmettre à leurs enfants, aux enfants de leurs enfants, et jusqu’à aujourd’hui, le souvenir de ces temps de désolation.

C’est l’histoire d’un gouvernement qui leur avait concédé le droit de s’installer sur une terre déjà habitée par d’autres. Une terre pauvre, mais une terre de soleil et de paix. Alors, ce qui devait arriver arriva : la population locale vit en eux les alliés d’une autorité qui leur imposait sa loi. Et une menace pour leurs maigres richesses. Comment auraient-ils pu bien les accueillir ? Du rejet à la violence, le pas fut vite franchi. Surtout quand les habitants de cette terre voulurent s’affranchir de la tutelle d’un pouvoir lointain et peu attentif à leur sort. Et puis le temps passa. Les armes se sont tues. Avec les années, les décennies, le calme est revenu. Les filles des migrants ont épousé des fils de cette terre. Les vieilles querelles ne sont pas toutes oubliées, mais enfin, ils vivent en paix. Ils étaient grecs, ils étaient corses. Ensemble, ils ont combattu les pirates barbaresques au XIXème siècle. Ensemble, ils ont pris le maquis pour résister à l’occupation nazie. Aujourd’hui, à Cargèse, deux églises se font face et illustrent cette cohabitation qui avait débuté dans la douleur en 1676.

Non, ce n’était pas l’Ocean Viking. Et l’histoire de ce bateau qui s’appelait le Saint Sauveur ne saurait être transposée en 2022. Pourtant, elle nous en dit long sur les méfiances et les haines qui s’invitent chez nous dès lors qu’arrivent des étrangers qui ne parlent pas notre langue, ne partagent ni notre religion ni notre culture. Elle nous en dit long aussi sur les décisions que prennent parfois des autorités éloignées des populations qu’elles gouvernent. Elle nous en dit long enfin sur les difficultés de l’intégration et la nécessité de lui donner le temps de faire son oeuvre… A la condition que chacun accepte de dépasser ses peurs.  

Ne soyons pas naïfs. L’histoire de ce bateau  de 1676 où se trouvaient certains de mes ancêtres, ne se répète pas. C’est une toute autre histoire qui s’écrit aujourd’hui même si, en toile de fond, règnent la violence et la mort, la misère et la détresse. C’est une histoire qui nous confronte à un mouvement migratoire planétaire d’une ampleur sans précédent et que rien ne semble pouvoir arrêter. Le vieillissement et le déclin démographique de nombre de nos pays occidentaux fait face à la pression de la jeunesse des pays du sud, singulièrement en Afrique. Les murs, les barbelés, les étendues d’eau sont des barrières illusoires qui ne pourront jamais, quoi qu’on fasse, arrêter les plus déterminés de ceux qui espèrent, chez nous, ramasser les miettes de nos sociétés d’abondance. 

Alors, nous avons le choix : nous retrancher avec nos peurs derrière des murs de plus en plus hauts à l’efficacité douteuse, ou faire preuve de créativité pour aborder enfin cette question migratoire avec deux exigences : la régulation et l’intégration car sans elles, il ne saurait y avoir de coexistence harmonieuse. La dignité, la notre comme celle de ceux qui arrivent sur notre sol, est à ce prix.

 

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Après la gifle, la claque ?

Ils sont pathétiques ! Il aura suffi que le successeur pressenti de Jean-Luc Mélanchon donne une gifle à son épouse, que celle-ci soit rendue publique, pour que les caciques de la NUPES multiplient les déclarations les plus étranges sans se rendre compte du ridicule de leur posture.

En droit, une main courante n’est, rappelons-le, qu’une façon de prendre date par une déclaration unilatérale, laquelle ne constitue pas même un début de preuve. Tout au plus est-elle utile dans le cadre d’une affaire judiciaire pour donner des indications quant au déroulement de faits dont la matérialité reste à démontrer. Et, bien sûr, jamais une main courante déposée dans un commissariat n’a à être rendue publique. 

Mais quoi qu’on pense de cette fuite dont la source est encore inconnue*, force est de reconnaître que le spectacle donné par la gauche extrême et les déclarations embrouillées de ses leaders mettent à mal leur volonté de s’afficher comme les seuls vrais défenseurs de la cause féminine. On ne peut prendre la tête de la lutte contre les violences faites aux femmes et, par des déclarations sembler éprouver le besoin de minimiser de tels actes voire même de les nier. On ne peut déclarer qu’en matière de lutte contre les féminicides, les mains courantes déposées dans les commissariats ou les gendarmeries ne peuvent être négligées, et s’étonner aujourd’hui de l’emballement médiatique auquel cette affaire donne lieu. Le plus navrant est d’ailleurs qu’ils ne prennent pas même conscience du fait que chaque déclaration les enfonce davantage !

Mais s’il n’y avait que la France Insoumise qui jouait cette partition ! Les écologistes eux aussi s’en donnent à coeur joie, entre dénonciations et déni, règlements de compte et démissions. Bref, ceux qui depuis des années se revendiquent comme le seul camp du bien se prennent les pieds dans le tapis de la morale et donnent le spectacle d’une gauche ”faites ce que je dis, pas ce que je fais…”

Ceux qui croyaient à une refondation de la gauche autour de la dynamique créée par la NUPES lors des élections législatives en seront pour leurs frais. Nous savions que cet étrange attelage souffrait d’un cruel manque de cohérence programmatique. Mais voilà que c’est d’un autre côté que vient le discrédit. Le naufrage annoncé n’en sera que plus affligeant ! Au demeurant, si nous laissons de côté ces médiocres affaires de comportements inappropriés à l’égard des femmes, et les questions de cohérence qu’elles posent, faire un détour par Stockholm et Rome devrait les inviter à la modestie et à la prudence. En Suède et en Italie, la droite populiste accède au pouvoir sur fond de perte d’influence de la social-démocratie, de recul de la gauche traditionnelle et d’incapacité des gouvernements à traiter efficacement la question migratoire. Faut-il que chez nous, après l’effondrement du Parti socialiste, le discrédit grandissant des forces de gauche laisse un vide tel que cela ouvrirait un boulevard pour une alliance des forces de droite satellisées autour de la plus radicale d’entre elles ? N’oublions pas que depuis juin dernier, le Rassemblement National évite les déclarations tonitruantes et se distingue par sa volonté d’afficher son sérieux et son sens des responsabilités… 

Au bout du compte, le contraste pourrait lui profiter. Et notre démocratie en faire les frais. Après l’affaire de la gifle, la gauche se prépare-t-elle à subir une claque ? Et nous avec ?

* Même si elle a pu être encouragée au sommet de la hiérarchie, la source est nécessairement policière. Alors souvenons-nous seulement qu’en déclarant ”la police tue”, Jean-Luc Mélanchon et les dirigeants de la France Insoumise ne se sont pas faits que des amis dans les rangs des forces de l’ordre et notamment chez les syndicats de policiers… 

 

 

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Vertus monarchiques ?…

La reine est morte. Et la France regarde émue et fascinée le spectacle d’une Grande Bretagne à la vie rythmée, pour quelques jours, par les cérémonies, les hommages, les défilés de célébrités et d’anonymes qui se recueillent devant le royal cercueil. Mais pourquoi une telle fascination ? 

Bien sûr, nous sommes fascinés, avouons-le, par le faste suranné des rituels de la monarchie britannique dont certains remontent au Moyen-Âge. Il y a dans ces costumes d’apparat, ces cérémonies, les termes même qui sont employés à cette occasion, une étrangeté qui nous ramène à des temps révolus. Et pourtant, c’est ainsi que s’exprime la pérennité de cette nation. La longévité du règne d’Elizabeth II la rend encore plus tangible. Et nous nous interrogeons : qu’est-ce qui nous fait défaut, à nous Français, pour retrouver  cette forme de ferveur nationale qui dépasse bien des clivages sociaux et partisans, et que nous constatons au fil des reportages et interviews ? Assurément, nos rituels républicains, jusqu’aux défilés et aux bals du 14 juillet n’y parviennent guère ! 

Y aurait-il alors, de ce côté-ci de la Manche, comme le regret jamais avoué d’un rendez-vous raté ? Celui de la France avec la monarchie constitutionnelle. Un ancien ministre socialiste de François Mitterrand en a même fait l’éloge voici quelques jours sur un plateau de télévision ! C’est dire s’il y a parfois chez les républicains attachés à l’égalité plus qu’une nostalgie à l’égard d’un système mis à bas lors de la Révolution de 1789. En coupant la tête d’un roi, nous nous sommes interdits de revenir à la royauté et nous avons rejeté toute la symbolique qui s’y attachait. Il y a là comme une sorte d’impensé politique que la Constitution de la Vème République et l’élection du Président de la République au suffrage universel n’ont pas permis de résoudre. Le monarque républicain qu’est, d’une certaine manière, notre Président élu ne parvient jamais – et semble-t-il de moins en moins bien – à incarner la nation comme l’a fait la souveraine britannique. 

Alors serait-ce plus simplement une question de vertu ? Elizabeth II a témoigné, tout au long de son règne, d’un engagement total au service de la charge qui reposait sur ses épaules. Nul ne choisit sa naissance. Les enfants des princes pas plus que les autres. Et les devoirs qui leur incombent ne sont pas moindres. Mais certains ont compris que chacun de leurs gestes, de leurs propos, avaient une signification qui dépassait de loin leur propre personne. La reine Elizabeth était de ceux-là. Convaincue de la nécessaire exemplarité de ceux que la naissance avait désignés pour servir leur peuple, elle avait soumis jusqu’à sa vie de famille à cette exigence. Et les difficultés rencontrées ne l’ont jamais fait dévier de la ligne qu’elle s’était fixée. Le sens du devoir et de l’honneur, le courage, l’abnégation, le souci de rester au contact avec le peuple britannique malgré les nécessités du protocole, une foi profonde que rien n’a pu ébranler, la volonté indéfectible de ne jamais faillir à toutes les contraintes de sa tâche jusqu’aux tout derniers jours de sa vie sont des vertus trop rares pour ne pas être soulignées. 

Au fil des ans, sa silhouette nous était devenue familière. Pas seulement pour les adeptes de la presse people. Et si nous éprouvons aujourd’hui quelques regrets en la voyant disparaître, c’est aussi sans doute parce que les vertus qu’elle a incarnées nous semblent négligées, en particulier chez nos ”élites”. Et parce que d’une certaine manière, nous espérons toujours assister à leur restauration… 

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L’IVG, plus petit commun dénominateur ?

Mais quelle mouche les a donc piqués ? Une décision de la Cour Suprême des USA* , et voilà que certain(es) paniquent en France à l’idée d’une éventuelle remise en cause du droit à l’avortement au point de vouloir l’inscrire dans la Constitution. Pourtant, aucun programme des formations politiques représentées au Parlement ne comporte la moindre remise en cause de la législation en vigueur. Alors, fallait-il, une fois de plus, se laisser aller à la dictature de l’émotion ? 

Nous pourrions faire observer que de ce côté-ci de l’Atlantique, nous assistons depuis des années à une extension quasiment sans limite du droit à l’avortement : allongement du délai permettant à une femme d’avorter ; condamnation des actions qui auraient pour effet de culpabiliser les femmes recourant à l’IVG ; remise en cause de la clause de conscience des médecins, etc. Et les arguments de ceux qui tentent de freiner ce mouvement sont systématiquement balayés. Rien de commun avec la situation des USA où, depuis des années, des activistes ”pro-vie” ** se livrent à un harcèlement souvent violent contre les médecins qui pratiquent des avortements et les femmes qui y recourent  ! Au surplus, notre Conseil Constitutionnel a déjà reconnu l’avortement comme une liberté fondamentale***. Alors, pourquoi procéder de la sorte, et pourquoi cet empressement des macronistes, au moment où l’on cherche encore les contours d’une majorité qui permette de gouverner ? La réponse à la première question tient en quelques mots : les droits acquis par les femmes étant fragiles, toute possibilité de les renforcer doit être utilisée. Et pour certain(e)s, peu importe que ce soit utile ou pas, peu importe que la méthode soit bonne ou mauvaise.   

Plus floue est la réponse à la seconde question. En effet, nous sortons d’une période de crise et d’une étrange séquence électorale au cours de laquelle, nombreuses ont été les remises en cause de nos institutions. Les adeptes du référendum d’initiative citoyenne, les promoteurs d’une VIème République, les tenants d’une révision de notre système électoral et de notre mode de scrutin, etc. partent tous d’un même constat : un essoufflement de notre système démocratique, et la nécessité de trouver les ressorts de sa revitalisation. Nous aurions donc pu penser  que face à un risque de blocage des institutions, face à cette nécessité assez largement admise d’une refondation républicaine, ouvrir la réflexion sur un projet de réforme de la Constitution qui ferait consensus aurait montré une réelle volonté réformatrice.

Hélas, des esprits sans imagination, et sans doute peu soucieux de modifier un système qui leur aura été utible, ont donc choisi de saisir l’occasion  pour tenter de trouver autour de l’IVG les contours d’une impossible union nationale. Car, bien entendu, honnis soient ceux qui oseront s’opposer à une telle proposition, lesquels, seront aussitôt assimilés aux activistes ”pro-vie” les plus radicaux qui sévissent outre-Atlantique. La manoeuvre est de celles qui, en d’autres temps, auraient été dénoncées vigoureusement par les forces d’opposition. Rien de tel aujourd’hui : on acquiesce ou l’on se tait. 

Nous savons qu’en matière de droit, l’émotion est rarement bonne conseillère. Nous savons aussi, pour reprendre les propos d’éminents juristes qu’on ne saurait toucher à notre Constitution que ”d’une main tremblante”. Mais des politiques qui raisonnent à courte vue ne s’embarrassent pas de telles considérations. Et n’hésitent pas à enrôler la cause des femmes en la mettant au service de leurs intérêts politiciens. L’IVG serait-il leur plus petit commun dénominateur ? 

 *Décision qui, il faut le souligner, ne vise pas à interdire l’avortement, mais renvoie la responsabilité de la législation sur ce sujet à chacun des états de l’Union. La nuance est importante.

** Lobby ”pro-vie” qui n’est pas à une contradiction près puisque c’est dans ses rangs que l’on trouve les défenseurs les plus acharnés de la vente et du port d’armes….

*** On lira avec intérêt à ce sujet l’analyse de Bertrand Mathieu, constitutionnaliste et  professeur de droit à Paris I , dans laquelle il souligne notamment que ”le droit en vigueur pose le principe selon lequel la liberté d’avorter constitue un élément de la liberté personnelle de la femme, et relève, dès lors d’une exigence constitutionnelle” . Analyse publiée dans ”La Croix” du 28 juin.

 

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La patrie des livres…

Aux incultes qui agonisent d’injures Sylvie Germain qui a eu le malheur de voir l’un de ses textes choisi en vue de l’épreuve du Bac de français ; à ceux qui n’ont ni les mots pour comprendre ni ceux pour s’exprimer ; à ceux qui sont les déshérités de notre langue, les abandonnés de l’éducation, les perdants de la pensée, les assignés à résidence dans le ressentiment et la colère… A tous ceux-là, je dédie ces quelques lignes de Mohamed MBougar Sarr jeune écrivain né au Sénégal et vivant en France, un extrait tiré de son roman ”La plus secrète mémoire des hommes”, prix Goncourt 2021 : 

”Quelle est donc cette patrie ? Tu la connais : c’est évidemment la patrie des livres. Les livres lus et aimés, les livres lus et honnis, les livres qu’on rêve d’écrire, les livres insignifiants qu’on a oubliés et dont on ne sait même plus si on les a ouverts un jour, les livres qu’on prétend avoir lus, les livres qu’on ne lira jamais, mais dont ne se séparerait non plus pour rien au monde, les livres qui attendent leur heure dans une nuit patiente, avant le crépuscule éblouissant des lectures de l’aube. Oui, disais-je, oui : je serai citoyenne de cette patrie-là, je ferai allégeance à ce royaume, le royaume de la bibliothèque”. 

Oui, rejoignez la patrie des livres ! Parce qu’en venir aux mots nous évite d’en venir aux mains !.. 

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