”Ce sont des temps d’effroi…”

C’est une terre où devrait couler le lait et le miel. Des flots de sang y sont versés. 

C’est une terre de soleil et de douceur. L’ombre du malheur aujourd’hui la recouvre. 

C’est une terre où trois grandes religions ont en partage des lieux parmi les plus sacrés. Mais Dieu, Yahvé et Allah semblent l’avoir désertée tant la haine s’y est répandue dans les coeurs.

Peut-être est-il temps de relire ce qu’écrivait en juillet 1942 au camp de Westerbork où elle était internée, Etty Hillesum, jeune femme juive néerlandaise, assassinée à Auschwitz en novembre 1943 : 

Ce sont des temps d’effroi, mon Dieu. Cette nuit pour la première fois, je suis restée éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre une chose, mon Dieu, oh, une broutille : je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m’inspire l’avenir ; mais cela demande un certain entrainement. Pour l’instant, à chaque jour suffit sa peine. Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire  : ce n’est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous mêmes.” *

Ne pas se laisser entraîner dans le naufrage de la violence absolue, vers des abîmes sans fond… 

Malgré le sang et les larmes, la fureur et la colère, ne pas laisser s’éteindre en nous notre humanité. 

Ne pas perdre notre âme…

* Etty Hillesum ”Une vie bouleversée” (éditions du Seuil – collection Points)-

 

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