Sursaut et soulagement inutiles ?…

Après l’avertissement des élections européennes et le coup de semonce du premier tour des législatives, il eût fallu faire preuve de lucidité et d’humilité. Las, l’aveuglement et l’incohérence, l’esprit de revanche et l’arrogance l’ont emporté. A coup sûr, cela laissera dans le désarroi et le ressentiment les plus de dix millions d’électeurs qui avaient voté pour le parti d’extrême droite au premier tour. Sans compter ceux qui, électeurs modérés ou d’une droite républicaine, auraient la fâcheuse impression d’avoir été face au danger, supplétifs de la gauche et, au final, les dindons de la farce. 

Passons sur l’arrogance de J-L. Mélanchon qui, cette fois encore, a coupé l’herbe sous les pieds de ses partenaires du Nouveau Front Populaire pour imposer ses exigences. Chacun a pu le constater, mais si ses outrances sont prévisibles et ne surprennent plus personne, force est de constater qu’elles ne suscitent que de maigres réactions dans les rangs de ses partenaires déjà habitués à se coucher… 

En arguant de l’impératif ”démocratique”, il affichait le plus total mépris à l’égard des électeurs du centre et de droite qui avaient à contrecoeur voté pour les candidats du Nouveau Front Populaire pour empêcher J. Bardella d’entrer à Matignon. La gauche avait pourtant dénoncé en 2022 le fait qu’E. Macron victorieux contre M. Le Pen avait aussitôt oublié les électeurs de gauche auxquels il devait sa victoire. Voudrait-elle aujourd’hui rejouer le même scénario, à son profit cette fois ?

Incohérence encore de tous ceux qui bien que minoritaires à l’Assemblée nationale, estiment que désormais, seul le programme du Nouveau Front Populaire doit s’appliquer. Ils n’hésitent pas pour cela à revendiquer la possibilité d’user de l’article 49.3 de la Constitution dont ils avaient dénoncé le caractère ”antidémocratique” lorsque E. Borne l’avait utilisé….

Habités par l’esprit de revanche, ils n’ont pas compris que le vote du 7 juillet oblige à plus d’humilité, à plus d’attention à l’égard de ceux qui ne les avaient pas choisi, oubliant ce précepte qui veut qu’au premier tour, on choisit, et au second tour ”on élimine”. Ainsi, les Français ne les ont pas choisis. Ils ont juste éliminé la possibilité d’un gouvernement RN.

Rien, ou si peu, ni dans les déclarations de dimanche soir, ni dans les propos tenus depuis par ceux qui spéculent sur la composition du futur gouvernement, n’est de nature à apporter des réponses aux raisons profondes du vote populiste : les sentiments d’abandon et d’insécurité et la peur du déclassement. 

Il n’y a plus à tergiverser ou à s’abandonner à des calculs médiocres. C’est à la fois dans un changement profond de pratique institutionnelle qu’impose l’absence de majorité parlementaire, et dans le regard porté aux détresses exprimées dans les vote des 9 et 30 juin que se trouve la possibilité de réduire les scores à venir du RN. Faute de quoi, nous aurions assisté à un sursaut et à un soulagement inutiles…

 

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L’urgence, et après…

Dimanche, le ressentiment et la haine l’ont emporté. Et depuis, nous connaissons l’inquiétude des lendemains, la tristesse et la honte. Pour éviter ça, il eût fallu écouter les cris de détresse lancés depuis des décennies par les femmes et les hommes angoissés par les bouleversements d’un monde dans lequel ils ne trouvaient plus leur place. Mais face à cette angoisse, quelles réponses leur ont été apportées ?

Nous avons connu les rodomontades d’une droite impuissante, l’attachement obsessionnel des libéraux pour les lois d’un marché dérégulé – promesse d’un futur radieux, l’abandon des classes populaires par la gauche au profit de minorités caressées dans le sens du poil. Tandis qu’à Paris des ministres, toutes tendances confondues, rejetaient sur Bruxelles autant la responsabilité de décisions qu’ils avaient eux-mêmes validées, que de l’excès de normes imposées par leur propre administration sur laquelle ils n’exerçaient pas leur autorité… Et les leçons de morale comme les insultes adressées à des électeurs déboussolés* ont servi de mantra, nous exonérant de toute analyse sérieuse sur le sujet.

Aujourd’hui, nous n’avons d’autre urgence que d’essayer d’enrayer cette infernale course à l’abîme. Les bricolages électoraux de dernière minute bâtissent rarement les digues qui permettent de stopper les lames de fond**. Mais ils valent mieux que la résignation. Si comme nous l’espérons le sursaut espéré l’emportait, il resterait au Président de la République à mettre en oeuvre une politique imposée par des formations politiques réunies autour des seules valeurs qui leur sont communes. Et il lui faudra pour cela abandonner la pratique institutionnelle qui est la sienne, notamment depuis sa réélection il y a deux ans…

Si par malheur, le RN s’imposait, nous deviendrions les spectateurs impuissants d’un bras de fer. D’un côté, un Président persuadé qu’il pourrait à lui seul constituer un rempart contre les excès d’un programme dangereux. De l’autre un parti populiste dont les documents électoraux vantent une ”union nationale” qu’il ne conçoit que dans l’allégeance et non dans l’acceptation des différences***. Au Parlement, ne resteraient plus que les derniers représentants d’une droite en miettes, d’une alliance centriste défaite et d’une gauche sur laquelle J-L. Mélanchon aura réussi son OPA ****.

Nous aurions alors à répondre à une double exigence. Rebâtir et résister. Rebâtir pour être en mesure tôt ou tard de reprendre en mains le pays . Pour cela il faudra faire preuve non seulement de créativité pour sortir des sentiers battus, mais aussi des vertus plus rares telles que  la lucidité et l’humilité. Et avant tout, il nous faudra résister : résister au mensonge et à la haine, résister à l’indignité et aux atteintes à l’état de droit. Cela nous demandera courage et discernement.

*Voilà pourtant des années que nous savons que qualifier de ”racistes” ou de ”xénophobes” les électeurs du FN – RN est inefficace. Et qui a prêté attention à la déclaration en 1984 de L. Fabius alors Premier ministre de F. Mitterrand qui avait estimé que ”l’extrême droite ce sont de fausses réponses à de vraies questions” ?…  

**Comment un candidat modéré peut-il faire comprendre à un électeur qu’il lui faut maintenant voter pour un candidat LFI  lequel, depuis des mois, ne cesse de l’insulter et d’affirmer que voter RN ou voter pour ceux qui soutiennent E. Macron, c’est pareil ?

***C’est bien ce qu’exprime la volonté de J. Bardella de n’exercer le pouvoir qu’en cas de majorité absolue. 

*** Ceux qui en doutent encore et le pensent isolé n’ont qu’à visionner l’intervention qu’il a faite dès 20h15 dimanche soir et regarder avec attention  qui l’entourait alors…

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Lettre à un ami socialiste

Mon cher Pierre,

Il y a des moments où l’on se retrouve confronté à des choix dont nous comprenons l’importance au regard de l’Histoire. C’est le cas aujourd’hui, depuis que la dissolution décidée par le Président de la République nous a plongés dans une situation à haut risque. Désormais, nous ne pouvons plus exclure que la peste brune relookée à la mode Tik-Tok et Instagram accède au pouvoir. Face à un tel danger, tout comme toi, je reconnais qu’il nous faut faire front. 

Oui, mais voilà : alors que les résultats des élections européennes auraient pu entraîner à gauche un rééquilibrage au profit des sociaux-démocrates, la logique d’appareil a précipité ton parti dans une alliance qui, par une sorte de déni démocratique, s’est soumise aux exigences de LFI. Or, à l’évidence, le parti de J-L. Mélanchon n’a retenu aucune leçon ni de ses errements, ni de la sanction que les électeurs lui ont infligée au soir du 9 juin. Les dirigeants du PS auraient pu tenir tête à ses sbires qui, tout au long de la campagne n’avaient cessé de les insulter, eux et la tête de liste qu’ils s’étaient choisie. Ils n’en n’ont tenu aucun compte et nous rejouent le coup de la NUPES qui, pourtant, avait volé en éclats au lendemain des précédentes élections législatives, dès l’été 2022. Ils font donc comme si rien ne s’était passé. Tout cela, au nom d’une sacro-sainte unité de la gauche !

L’unité, parlons-en ! Ce fut dans les années 70 et 80, le titre de l’hebdomadaire du PS. Du temps où celui-ci savait encore faire la synthèse entre des courants parfois bien divergents. Du temps où il était parvenu à marginaliser l’extrême gauche. Mais peut-être as-tu oublié son histoire et sans doute n’en as-tu retenu que le titre au point de le répéter comme un mantra : unité, unité.… Comme si les incantations pourraient suffire à gommer les divergences de fond qui vous séparent de ”La France Insoumise” et à apaiser les haines avivées tout au long du mandat de François Hollande, jamais apaisées depuis  et qu’une campagne aujourd’hui précipitée tente de camoufler. Les socialistes d’aujourd’hui auraient-ils la mémoire si courte et l’échine si souple pour tout oublier et se coucher si vite ?

A propos de mémoire, tu m’avais raconté ton entrée dans ta section du PS et le moment où tu avais été interrogé sur l’histoire du mouvement ouvrier. A l’époque, on pensait utile de se souvenir de ce qui s’était passé au congrès de Tours de la SFIO, de la manière dont les bolcheviques avaient pris le pouvoir en Russie ou encore de l’habileté de Léon Blum pour faire passer les réformes sociales du Front Populaire en 1936. Oui, mais ça, c’était avant !

En réalité, en acceptant de préserver des strapontins dans une éventuelle majorité et des sièges dans la future assemblée, tes camarades ont choisi  de faire comme si se référer à un mot devenu vide de sens – l’unité – cela allait leur permettre de renouer avec la victoire. Souviens toi du soir du 10 mai 1981. Nous nous étions retrouvés rue de Solférino, au siège du PS où l’ivresse de la victoire était portée à son incandescence. Rappelle toi qu’au fil des semaines, des mois pour ne pas dire des années qui ont précédé cette campagne, l’artisan de la victoire, François Mitterrand n’avait eu de cesse de marginaliser le Parti Communiste et l’extrême gauche, pas seulement pour ne pas effrayer les bourgeois, mais aussi pour établir un rapport de forces qui lui permettrait de gouverner. Que tu le veuilles ou non, le rapport de forces est aujourd’hui inversé. Pas dans les urnes, le score du 9 juin au soir le démontre. Mais parce que tes amis en ont hélas décidé ainsi. 

Cette faiblesse coupable a sonné comme un refus de saisir la chance qui leur était donnée de renouer avec la prédominance du PS sur la gauche toute entière. Cet acte de soumission à J-L. Mélanchon et à sa clique inculte qui se réfère au Front Populaire tout en ignorant ce que fut le parcours de Léon Blum, voilà un acte de trahison que l’Histoire retiendra.

Pour conclure, deux questions. Si d’aventure le ”Nouveau Front Populaire” l’emportait, comment gouvernerait-il ? Tu me répondras qu’un programme a été signé et que tu t’en tiens aux engagements pris. Mais comme nous avons expérimenté la pratique parlementaire de LFI, comme nous l’avons vue à l’oeuvre, permets-moi de penser que nous sommes fondés à avoir bien des doutes. J’ajoute d’ailleurs que l’ancien  Premier Secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis n’a pas tardé à reconnaître que le programme du Nouveau Front Populaire  est : ”un accord cadre qui a l’habileté de contourner les problèmes”. On ne saurait mieux dire que la discorde nous est évidemment promise. D’ailleurs, soyons sérieux, parmi les silences de ce programme il y a les questions de défense et de politique étrangère. Fâcheuse lacune par les temps qui courent. Et puis quand on sait que votre allié le NPA de Philippe Poutou considère le Hamas, parti théocratique, comme une organisation de résistance, et ne parvient pas à condamner le pogrom du 7 octobre, permets-moi d’affirmer que vous avez des amis bien peu fréquentables. Mais il est vrai que ce type de question n’intéresse guère J-L. Mélanchon. Alors pourquoi faudrait-il s’en soucier à la veille du scrutin ?

Dernière observation : toi et tes amis vous ne cessez de nous faire la morale et de frapper d’infamie celles et ceux qui s’aventureraient à voter pour le RN. Rassures-toi : je ne suis pas et ne serai jamais de ceux-là. Mais t’es-tu seulement interrogé sur l’effet calamiteux sur l’opinion du comportement de vos amis de LFI ? Au point qu’ils apparaissent comme un repoussoir tel qu’il alimente en réalité le vote à l’extrême droite. Par comparaison, celui-ci finit par apparaître bien ”raisonnable” ! Sans doute la stratégie de ”conflictualisation” de J-L. Mélanchon a-t-elle pour objectif de faire gagner l’extrême droite pour ensuite apparaître comme la seule figure possible de l’opposition. Le cynisme, toujours… Désolé, je ne marche pas dans la combine !

Alors non, le Nouveau Front Populaire, ce sera sans moi ! Et je crains qu’en devenant les supplétifs de LFI, toi et tes amis socialistes ne perdiez votre âme et ne soient condamnés à disparaître. Une autre dissolution en somme. Quelle tristesse…

Salut et fraternité !

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Du naufrage au sursaut ?…

Nous assistons à un naufrage. Naufrage moral de ceux qui à droite, se prétendant héritiers du gaullisme, rallient le camp des petits enfants de Pétain, des collabos et de l’OAS pour sauver leurs sièges et peut-être même prétendre à un maroquin ministériel. Naufrage moral de ceux qui à gauche, faisant fi du bon résultat de la liste menée par Raphaël Glucksmann aux européennes, se sont empressés de rallier le camp des insoumis et de leur chef. Et ils s’étonnent ensuite lorsque celui-ci, digne héritier de Staline, inaugure le ”nouveau Front Populaire”  en privant d’investiture trois insoumis qui avaient eu l’audace de le critiquer ? Mélanchon ou la purge comme mode de gouvernance en quelque sorte… Naufrage moral de l’ancien président de la République François Hollande enfin qui, toute honte bue, se porte candidat aux législatives espérant sans doute tenter un ”come back” qui lui fasse oublier ses propres échecs et les déconvenues que les ”frondeurs” devenus ”insoumis” lui avaient fait subir lorsqu’il était à l’Elysée. Tout cela en laissant de côté les convictions qu’il avait prétendu défendre auparavant.  

Voici donc venu le temps des trahisons. Oh, pas la trahison des hommes, celle-ci est fréquente en politique parce que les amitiés y sont rarement exemptes de rapports de force. Mais la trahison des idées, des convictions, des valeurs. Et si un tel reniement peut assurer aux âmes faibles un avenir immédiat, c’est un poison mortel dont elles ne se relèvent jamais.

Naufrage européen aussi. Pas seulement parce que la France est désormais affaiblie face à ses partenaires européens après le vote du 9 juin. Mais aussi car pendant que nos leaders se livrent aux délices d’une campagne électorale éclair, ils consacrent peu de temps à Bruxelles où se sont engagées les tractations en vue des désignations aux postes-clés du Parlement et des instances européennes. A coup sûr, la France y perdra de précieux moyens d’influencer le cours du mandat qui s’ouvre. Et nul doute que nombreux seront ceux qui ne manqueront pas ensuite de tirer à boulets rouges sur les ”diktats imposés par Bruxelles”. Parmi eux, bien sûr, on retrouvera des Jordan Bardella qui se sont fait remarquer par l’inexistence de leur contribution aux travaux du Parlement… Nous pensions pourtant avoir voté pour influer sur le cours de notre histoire européenne. Triste désillusion ! 

Naufrage enfin de ce que l’on appelle la ”macronie” qui semble peu à peu s’auto-dissoudre dans la volonté de son chef de jouer cavalier seul.  En adoptant une posture de chef de campagne, il prend désormais le risque de subir une défaite encore plus cinglante qui porterait atteinte aux institutions. 

Nul besoin de faire l’inventaire des calculs médiocres, des renoncements et des fautes accumulées depuis des décennies qui nous ont conduit à ce naufrage. Tout a été dit ou presque à ce sujet. Il reste que face à la menace que constitue la montée de l’extrême droite, les manifs et les leçons de morale sont non seulement inefficaces, mais aussi contre-productives. A l’opposé, la menace que représente la candidature à peine cachée de Jean-Luc Mélanchon à Matignon n’est pas moindre tant son tempérament d’apprenti dictateur apparaît au grand jour. 

  Faudra-t-il qu’à l’heure où montent de toute part les périls qui nous menacent nous placions à la tête du gouvernement de la France un jeune homme inexpérimenté, pur produit marketing issu d’un parti totalitaire ou un autocrate nostalgique de la terreur bolchévique ? Pas sûr que partir en campagne en ordre dispersé permette d’éviter le pire. Le mode de scrutin, les règles électorales autant que la dispersion des voix risquent fort de favoriser une bipolarisation autour des extrêmes. Et de réduire à la portion congrue les formations modérées d’un ”arc républicain” devenues quasiment inaudibles dans le tumulte de ce printemps.  

En se souvenant que le 18 juin 40, une voix solitaire s’était faite entendre pour redonner espoir à un pays ayant subi une défaite morale autant que militaire, il nous restera alors à attendre que se lèvent des femmes et des hommes capables de susciter le sursaut. Mais attendre combien de temps ? Et à quel prix ?…

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D-Day – Memoriam

Elle avait deux fils. Le plus jeune a voulu suivre son frère aîné. Alors, dès qu’il a eu l’âge minimum, il s’est engagé comme lui dans la Garde Nationale. Ils ont suivi le même entraînement et, au printemps de 1944, ils se sont retrouvés en Grande Bretagne dans le même régiment, au sein de la même compagnie, tout  comme bien d’autres garçons venus avec eux de la petite ville de Bedford en Virginie. Le 6 juin à 6h30,  ils ont fait partie de la première vague d’assaut. A quelques minutes d’intervalle, Bedford et Raymond Hoback ont été tués en arrivant sur la plage d’Omaha Beach. Le corps de Raymond, emporté par la marée, n’a jamais été retrouvé. Comme eux, 17 autres jeunes hommes de Bedford ont été tués dans les premières minutes.

Un mois plus tard, après avoir appris la mort de ses deux fils, Macie Hoback a écrit  : 

Memoriam

” Ne dites pas que mes fils sont morts

Ils dorment seulement du sommeil le plus profond…

Ils s’aimaient, sont restés ensemble

Et, avec leurs camarades, Ils ont fait ensemble la traversée

Vers le grand au-delà. 

Alors, mères, ne pleurez pas, 

Vos fils sont heureux et libres …”

Malgré ces mots, Macie Hoback ne s’en est jamais remise. La guerre, ce n’est pas seulement une affaire d’hommes que résumeraient des considérations stratégiques et des statistiques de vies fauchées. C’est aussi une affaire de femmes dont les vies sont brisées par la perte d’un fils, d’un mari…

Lest we forget…

 

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Jour J… pour l’Europe ?

Il y a comme un étrange écho que se renvoient les deux événements de cette semaine. D’un côté, nous célébrons le 80ème anniversaire de la plus formidable opération militaire de tous les temps qui a permis la libération de l’Europe et créé une immense espérance collective de fraternité entre les peuples. De l’autre nous allons voter pour des élections européennes où, si l’on en croit les sondages, la tendance au repli sur soi devrait l’emporter. Au risque d’occulter le menaces qui s’accumulent au-dessus de notre continent. 

C’est parce que le 6 juin au matin des milliers d’hommes son venus mourir sur nos plages, que notre continent a vécu des décennies de liberté, de paix et de prospérité. C’est parce que d’autres hommes ont tiré les leçons de l’histoire qu’ils ont donné une impulsion décisive à la constitution d’une Europe qui avait le bien commun pour objectif. Et aujourd’hui, nous voudrions laisser de côté ces bienfaits de notre histoire ?

Voilà plus de 80 ans, la peur de la guerre et l’irrésolution, la mollesse et l’impréparation, la naïveté et, pour tout dire, la lâcheté des dirigeants de nos démocraties européennes l’emportaient donnant à l’Allemagne nazie l’opportunité d’imposer son pouvoir sanguinaire à toute l’Europe et faire son oeuvre de mort. En voulant préserver la paix, nos dirigeants de l’époque ont ainsi accru durablement les souffrances des peuples.

Voilà 80 ans, il aura fallu attendre que le Japon attaque les USA à Pearl Harbour et que l’Allemagne leur déclare la guerre quelque jours plus tard, en décembre 1941, pour que les américains sortent de leur splendide isolement. En proclamant que rien ne valait  de risquer une vie américaine dans une querelle qui ne les concernait en rien, les dirigeants des USA ont manqué de lucidité, retardé l’échéance et, au final, sans doute payé un plus lourd tribu pour ramener la paix en Europe.

Aux portes de l’Union européenne, des peuples aspirent à plus de démocratie. Et pour se libérer de la férule de leur puissant voisin russe, ils regardent avec envie l’espace de respect des droits humains et de prospérité que nous avons bâti au sein de l’Union européenne. Et nous ferions la fine bouche, considérant que les erreurs commises, les imperfections du système justifieraient que l’on jette le bébé avec l’eau du bain ? Qu’il faille revoir le fonctionnement de nos institutions européennes, qui en douterait ? Qu’il faille remettre la préoccupation sociale au coeur du projet européen, c’est aujourd’hui redevenu une évidence. Et pour cela, il ne faut plus se satisfaire des règles d’un grand marché auxquelles on se soumet sans discernement en oubliant que derrière les chiffres, il y a toujours des femmes et des hommes à protéger, des territoires à préserver. Cela justifie-t-il pour autant que l’on accuse l’UE de tous les maux ?

Aujourd’hui, nous avons redécouvert que l’Histoire pouvait être tragique. Alors, ne faisons pas à ceux qui ont versé leur sang sur nos plages, dans le bocage normand et jusqu’à Berlin, l’injure de penser que la Liberté qu’ils ont chèrement payée, ne mériterait aujourd’hui que notre indifférence. Le reste du monde nous envie cette liberté. De tous les continents, des femmes et des hommes qui aspirent à une vie meilleure et plus libre tentent de rejoindre notre Europe. Et pour cela ils risquent leur vie. Alors faudrait-il que notre vote jette à la face du monde le message affirmant que notre espace de liberté ne vaut plus rien à nos yeux ? 

Pour paraphraser le général de Gaulle, rien ne sert de s’agiter comme des cabris en criant ”souveraineté, souveraineté ” et oublier que nous ne sommes plus en 1965 ! Dans un monde dont les équilibres sont en train de changer profondément, notre avenir n’est pas dans un repli sur soi qui transformerait notre nation en une région devenue quantité négligeable au regard des puissances qui émergent. Seule l’Europe nous permettra de peser dans le monde de demain. Et la France a tout à gagner à en être un acteur majeur. Il n’y a pas pour nous d’avenir dans un Frexit relooké à la mode 2024. Ne l’oublions pas !

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Vive l’Eurovision… à la mode ”Libé” !

Il fut un temps où le quotidien ”Libération” dissertait avec mépris sur le concours de l’Eurovision, considérant qu’il ne s’agissait que d’une foire commerciale, un ramassis de chanteurs sans talent tout juste capables de nous servir des chansonnettes sirupeuses à souhait, aux paroles insipides servies par des personnes à la voix défaillante. Aujourd’hui, revirement spectaculaire ! Voilà qu’un artiste qui se déclare ”non-binaire” l’emporte et, aussitôt, ”Libé” s’extasie…

Serait-ce une tardive conversion de l’organe de la gauche bobo à ce spectacle qui mêle chauvinisme-beauf et standards de la consommation musicale version hyper-marchés ? Comme s’il fallait enfin  renouer contact avec des masses populaires aux codes culturels bien éloignés de ceux qui ont cours du côté de Saint Germain des Prés ou de la Bastille et de l’Est parisien … A moins  que ce ne soit un engouement soudain pour cette foire musicale parce qu’elle s’est désormais convertie aux modes du moment qui font de la particularité sexuelle revendiquée le must de notre époque ?

Peu importe que la chanson soit bonne ou pas. Peu importe qu’elle soit servie par une voix d’homme – ou de femme, on ne sait plus très bien. Et peu importe d’ailleurs la qualité de  la voix : les arrangeurs, la technique et la sono font des merveilles ! Il fallait juste qu’elle soit à la fois transgressive et consensuelle à souhait autour de l’idéal politiquement correct de notre temps. Que l’on y ajoute un zeste de provocation vestimentaire et scénographique, et une certaine surenchère dans la vulgarité. Sans oublier un ”story-telling” en dehors des normes… 

Le triomphe du ”non-binaire” ou ”non-genré”, appelez-le comme vous voulez, avait un atout : il évitait les fâcheries qu’aurait provoqué la victoire de la chanteuses israélienne. Le politiquement correct avait chassé le politique. L’identité sexuelle avait mis à l’écart les identités nationales. La neutralité suisse faisait le reste. 

Le tempo musical avait enfin permis de ne plus entendre le crépitement des armes automatiques, le fracas des bombes, et les pleurs des enfants martyrisés. Et ”Libé” pouvait ainsi continuer de donner des leçons de morale à tout le monde !…

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La leçon Navalny

”N’ayez pas peur !” Ces mots répétés maintes fois par Alexeï Navalny à ses compatriotes font écho à ce ”N’ayez pas peur !” lancé par un certain Karol Wojtyla du haut d’un balcon de Saint Pierre de Rome alors qu’il venait d’être élu Pape en octobre 1978. 11 ans plus tard, le mur de Berlin s’écroulait et entraînait avec lui l’empire soviétique et la dictature communiste qui s’imposait aux pays d’Europe de l’Est depuis 1945.

Sans vouloir faire de Jean-Paul II le seul vainqueur de la dictature communiste en Pologne et dans toute l’Europe de l’Est (ce qui serait oublier tous ceux qui ont combattu dans l’ombre, et pour beaucoup d’entre eux jusqu’à la prison, la torture et parfois la mort !), retenons le caractère prophétique de ces paroles*. Le 1er mars à Moscou, des milliers de Russes ont bravé les caméras du régime qui, avec la reconnaissance faciale, gardent trace de leur acte de défiance. Ils le savaient mais ils ont surmonté la peur. Et leur longue attente dans le froid moscovite ne constitue pas seulement un formidable pied de nez au maître du Kremlin, elle est aussi un énorme cri d’espoir lancé à la face du monde. 

Par leur courage, les femmes et les hommes qui se sont réunis pour un dernier hommage à celui qui symbolisait la lutte contre la dictature, nous donnent une triple leçon. 

D’abord, ce serait leur faire injure, comme ce serait faire injure aux Ukrainiens qui se battent pour défendre leur nation, que de prétendre comme le disent certains chez nous, que Poutine est le défenseur de ”nos valeurs”, celles de la famille, celles de la chrétienté. Les vrais défenseurs des droits humains, ce sont eux ! Pas le clan mafieux qui règne sur la Russie et ne connaît que la loi du plus fort. Pas ceux qui instrumentalisent la religion en la mettant au service de leurs ambitions territoriales. Pas ceux qui envoient des milliers de jeunes russes se faire tuer sur le front** et camouflent leurs activités de prédateurs derrière une prétendue défense de la famille traditionnelle ! 

Seconde leçon, ils nous montrent qu’en Russie, une force existe qui ne demande qu’à émerger.  Non, Navalny n’était pas un opposant isolé. Il est rejoint par tous ceux qui ont fait la queue des heures durant pour déposer des fleurs sur sa tombe au cimetière de Borisovo. Nous savons que dans ce pays le pouvoir a, depuis des années, réduit au silence toute forme d’opposition et toute parole discordante dans les médias. Nous savons qu’il a entamé une vaste entreprise de lavage des cerveaux – notamment auprès de la jeunesse – pour diffuser sa pensée totalitaire et sa vision sans limite de l’empire russe. Le seul fait que chacune de ces femmes et chacun de ces hommes aient pris la décision d’aller à ces obsèques, et se soient retrouvés si nombreux est un signe de leur résilience, de leur capacité de résistance, de leur imperméabilité à l’idéologie dominante. Et cela fut sans doute pour eux une divine surprise. En découvrant qu’ils n’étaient pas seuls, ils se sont sentis plus forts face aux mensonges et à la violence. Ils ont acquis la certitude qu’ils ne devaient ni baisser la tête ni renoncer. Et même si cela devait prendre des années, même si le prix à payer sera lourd, ils savent désormais que tôt ou tard, ils triompheront.  

Troisième leçon : ces femmes et ces hommes nous disent qu’humilier Poutine, ce n’est pas humilier la Russie parce que La Russie, c’est eux ! Ils nous disent aussi et surtout que si, malgré les menaces, ils n’ont pas peur, pourquoi chez nous, aurions-nous peur ? D’un apprenti sorcier qui brandit régulièrement la menace de l’arme nucléaire ? Sans doute. Mais oublie-t-on que d’abandon en abandon, de tergiversations en renoncements, nous montrons le caractère timoré de nos démocraties. Et en donnant des signes de notre propre faiblesse, nous renforçons les sentiments de puissance et d’impunité sur lesquels surfe le dictateur du Kremlin. Au point d’encourager ses ambitions territoriales et sa volonté d’écraser les peuples qui osent lui tenir tête. Ce que subit depuis deux ans le peuple ukrainien qui a osé ne pas se soumettre à sa volonté ne nous servirait donc pas de leçon ?

En septembre 1938, par souci de préserver la paix, Daladier et Chamberlain signaient les accords de Munich qui laissaient à Hitler les mains libres pour occuper les territoires des Sudètes en Tchécoslovaquie. Cela leur avait valu la réplique cinglante de Churchill : ”vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre”. Ce n’est pas être va-t-en guerre que d’oser le rappeler !

Alors, entendrons-nous la clameur moscovite ? Saurons-nous faire écho au cri d’espoir qu’elle traduit ? Ou attendrons-nous pour nous réveiller qu’il soit trop tard ?   

  • Des paroles d’un certain Jésus tirées de l’Evangile de Matthieu..

** Des hommes que les chefs militaires russes appellent la ”viande”, affirmant ainsi qu’ils ne sont à leurs yeux que de la chair à canons…

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Grâce leur soit rendue…

Il est un lieu où les nuits sont longues à devenir demain, où la souffrance se calfeutre derrière des portes closes. Un lieu où des vies sont sauvées tandis que d’autres s’éteignent peu à peu ; où des femmes et des hommes mènent un combat inlassable contre la douleur, la maladie et la mort, où ils soulagent, prennent soin, font preuve d’attention, de souci du bien-être et de la dignité des personnes qui leur sont confiées. Ce lieu, c’est l’hôpital. 

Passer la porte de l’hôpital, que ce soit en urgence ou pour une intervention ou des soins programmés, c’est arriver avec ses propres souffrances et ses angoisses. C’est accepter de laisser sa vie entre d’autres mains, de se mettre à nu, de dépendre des autres jusqu’aux gestes les plus intimes de la vie. L’hôpital devient alors le lieu par excellence où s’exprime la solidarité humaine ; lorsque l’acceptation de sa propre fragilité, la confiance et l’abandon du patient rejoignent les compétences et le souci de l’autre des soignants. Grâce leur soit rendue pour leur dévouement, pour leur sourire que l’on devine derrière les masques, pour leur écoute, leur délicatesse…

Un récent séjour de près de deux semaines à l’hôpital m’a inspiré ces quelques lignes. Parce que je ne peux ni ne veut oublier les belles personnes qu’il m’a été donné d’y croiser et qui ont pris soin de moi comme de tant d’autres patients. Parce que si notre monde tient encore debout, il le doit aussi à celles et ceux qui ne se contentent pas de gagner leur vie, mais qui ont la vie pour combat. Et, pour cela, ils méritent toute notre gratitude.

PS. Les équipes hospitalières subissent dans bien des cas des tensions telles qu’elles ne peuvent pas toujours procurer à leurs patients la qualité de soins qu’elles souhaiteraient. Cela n’enlève rien à leur dévouement…

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Robert Badinter, ou l’honneur du Droit et de la politique

Rencontrer Robert Badinter fut un privilège. Ce privilège m’a été donné à deux reprises. 

La première, ce fut lors des débats sur l’abolition de la peine de mort, en 1981. Son discours devant l’Assemblée Nationale fut de ceux qui marquent l’histoire de la République et sont l’honneur de la politique. Mais je garderai en mémoire trois des principes qui inspiraient alors son action. Le premier était puisé au plus profond de la mémoire juive : le précepte  ”tu ne tueras point” du décalogue. De ce principe découlait l’impossibilité pour un homme de donner la mort. Un principe qui, à ses yeux, ne pouvait souffrir d’exception, ce qui l’a conduit plus récemment à réaffirmer son opposition à l’euthanasie. 

Le second principe était celui d’une inébranlable confiance en l’homme. Il rejoignait en cela l’humanisme chrétien selon lequel le plus grand des pêcheurs doit pouvoir trouver miséricorde. Loin de le conduire à trouver des excuses à tous les délinquants comme l’affirment certains, cela le conduisait à penser que même l’auteur d’un crime peut trouver une voie de rédemption, ce qui n’est pas la même chose ! Le troisième principe enfin était celui du courage en politique. Fort de ses convictions, capable de les exprimer avec vigueur, il n’hésitait pas à affronter une opinion majoritairement hostile à son projet. Les insultes et les menaces qui lui ont alors été adressées ne l’ont pas fait dévier de sa route. Il a ainsi incarné la grandeur du politique, de celui qui ne gouverne pas en fonction des courbes des sondages, mais se détermine en fonction de convictions et d’une vision. Et, fort de cela, parvient à convaincre. 

La deuxième fois que j’ai pu le rencontrer, ce fut au printemps 2012. Il m’avait accueilli chez lui, rue Guynemer à Paris pour une interview pour une revue professionnelle *. Alors que se mettait en place une nouvelle majorité autour de François Hollande élu Président de la République, notre conversation était centrée autour de l’action législative, et les modalités d’élaboration de ce que l’on pourrait appeler ”une bonne loi” **. La conversation fut animée, passionnée. Et quand le besoin s’en faisait sentir, pour renforcer son propos, il n’hésitait pas à sortir de sa bibliothèque d’ouvrages anciens, des écrits de grands juristes, ou les textes d’origine du Code Civil en 1804 qui illustraient une méthode qui, à ses yeux, faisait défaut à nos législateurs modernes. De cet entretien, j’ai retenu quelques passages.

Regardant alors la production législative au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy, il se montrait critique : ”La production juridique est excessive. Il est vrai que, 260 textes de lois ou 26 lois de finances en cinq années, c’est un épouvantable torrent. C’est d’ailleurs, le sentiment généralisé des parlementaires. Chaque garde des Sceaux jure que ce torrent va s’arrêter. Moyennant quoi, sous la pression des événements, avec l’inclination à transformer la loi en instrument médiatique de promotion du ministre, du gouvernement, du président de la république, les bonnes intentions sont balayées. La réaction médiatique conjugue l’apparition à la télévision et la loi annoncée au motif qu’à l’émotion populaire doit répondre la volonté des gouvernants qui ne peuvent supporter que demeurent d’apparentes imprécisions ou lacunes législatives”.

Alors, en sage qu’il était devenu, il n’hésitait pas à donner des conseils à la nouvelle équipe au pouvoir : Le premier conseil est de faire le moins de loi possible, de ne légiférer que lorsque cela est vraiment nécessaire, de ne jamais faire de loi proclamatoire, de loi qui recherche l’effet médiatique. La loi est faite pour régir la cité. Pas pour assurer la promotion politique de ses auteurs”. Inutile de dire que sur ce point, il n’a guère été entendu…

Enfin, pour conclure, il soulignait que ”le législateur doit garder à l’esprit qu’une grande partie de notre législation est structurée par le droit européen. Il lui faut donc toujours avoir l’œil fixé sur la législation européenne, et la jurisprudence de la cour européenne des droits de l’homme, lesquelles ont un effet unificateur très positif. Nous ne sommes pas assez fiers d’être européens. Or c’est tout de même le continent où les droits fondamentaux des citoyens sont les mieux respectés, où les droits de l’homme sont aussi bien respectés. Je n’en connais pas d’autres. Ne l’oublions jamais”. Voilà une remarque qu’il aurait été utile de méditer lors de l’élaboration de la ”Loi immigration” puisque l’on observe que c’est précisément l’une des raisons de la censure partielle de cette loi par le Conseil Constitutionnel…  

Au moment où Robert Badinter reçoit l’hommage de la République, notons avec regret que malgré sa notoriété et son autorité en la matière, les conseils qu’il prodiguait en usant de toutes les tribunes qui lui étaient offertes n’ont guère été entendus, quels que soient ceux qui se sont succédés au pouvoir depuis lors…

* Interview publiée dans le n°294 de ”Notaires – Vie Professionnelle”, Juillet-Août 2012.

** Une ”bonne loi”, c’est selon lui, ”celle pour laquelle le législateur a accepté de prendre du temps”. Et de citer comme exemple, celle de M. Leonetti sur la fin de vie…

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