Ils voudraient nous enrôler…

Depuis que l’Etat d’Israël a entamé ses opérations militaires dans la Bande de Gaza, je découvre chaque jour des images abominables, la punition collective d’un peuple, d’enfants, de femmes, de vieillards épuisés, affamés, écrasés sous les bombes… Alors, comment ne pas se sentir solidaires des victimes innocentes de ce conflit ? Comment ne pas souhaiter que cesse cette intervention de Tsahal qui suscite de nouveaux flots de haine, encore et toujours ?…

Depuis le 7 octobre, jour après jour, je découvre les révélations sur les atrocités commises par le Hamas. Les enfants torturés, démembrés, brulés vifs, les femmes violées… La description sans fard de ces actes nous révèlent la monstrueuse vérité sur une bande d’assassins assoiffés de sang qui ont répandu la terreur et la mort, ne négligeant rien pour faire endurer les pires souffrances à leurs victimes choisies parce que juives. Alors, il faudrait que je sois solidaire de l’action de rétorsion menée par Israël qui ne fait pas la différence entre un peuple rejeté par tous et le Hamas, armée de fanatiques qui l’utilise comme bouclier humain ?

Nous voilà pris au piège satanique que les instigateurs de l’opération du 7 octobre avaient parfaitement imaginé : enrôler nos bonnes conscience à leurs côtés, effacer tout ce qui distingue les vraies victimes des assassins. Ils voudraient que je fasse comme si les atrocités commises voilà un mois n’avaient pas existé. Comme si la sinistre comptabilité quotidienne des victimes remettait à égalité les deux camps et lavait le Hamas de toutes ses fautes. 

Alors, quand, je découvre au fil des jours que certains de mes amis ”de gauche” reprennent sans nuance les mots d’ordre du Hamas réclamant un état palestinien du Jourdain jusqu’à la mer, rayant par là-même l’Etat d’Israël de la carte et rejetant les juifs à la mer, j’enrage. 

Comment pourrais-je me laisser enrôler ?

Et puis, j’apprends que, pendant ce temps là, dans le nord-est de l’Allemagne, la directrice d’une crèche décide de changer le nom de la crèche Anne Franck, au motif que ce nom est difficile à comprendre et que les parents principalement issus de l’immigration ne se reconnaissent pas dans ce nom. Alors, j’ai envie de pleurer ! A entendre cette directrice, il faudrait un nom ”sans arrière-plan politique” ! Comme si le nom d’une enfant assassinée par les nazis en février 1945 au camp de Bergen-Belsen avait ”un arrière-plan politique” ! 

Voilà bien la monstruosité qui est à l’oeuvre. Ici, il faut faire oublier que les enfants assassinés le 7 octobre l’ont été pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Là, il faut assigner aux victimes de la Shoah un rôle ”politique” alors même qu’elles ont été assassinées parce que juives. Dans les deux cas, il faut réécrire l’histoire, gommer la mémoire de ses aspects les plus gênants. 

C’est oublier que faire disparaître les traces de la barbarie, c’est en être complices. Et soyons en sûrs : quand nous n’aurons plus de mémoire, rien n’arrêtera plus la barbarie en marche.

 

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