Elle s’appelait Mahaut…

C’est une histoire à l’image de ce monde. Elle venait de fêter ses 23 ans. Diplôme en poche, elle avait trouvé un poste et s’apprêtait à faire sa première rentrée comme enseignante. Mais avant cela, elle voulait participer au grand rassemblement de la jeunesse de Lisbonne autour du Pape. Alors, un matin d’été, elle a pris la route avec deux amies pour rejoindre un groupe qui s’y rendait en car. Il a fallu qu’un chauffard roulant à grande vitesse sous l’emprise de la drogue percute sa voiture par l’arrière… 

Elle était souriante et généreuse, enthousiaste et lumineuse. 

C’est une histoire à l’image de ce monde où le mal fait son oeuvre de mort, fauchant des vies, laissant des parents et des proches le coeur en miettes.

Mais c’est aussi une histoire de fraternité : des jeunes qui se regroupent spontanément chaque soir depuis l’annonce de son décès, prient ensemble et soutiennent sa famille. Ce sont des messages qui affluent, de Lisbonne et d’ailleurs. La foule de ceux qui mettent les vacances entre parenthèses pour occuper la cathédrale de Poitiers pour une messe d’A-Dieu poignante et magnifique. Ce sont des paroles échangées, des souvenirs partagés, des gestes qui donnent aux âmes blessées la force de tenir debout. C’est un message d’amour et d’espérance délivré par ses parents. 

C’est une histoire à l’image de ce monde, où la grâce peut surgir dans la plus noire tragédie, où derrière les plus sombres nuages apparaît la lumière. 

Elle s’appelait Mahaut et était la fille de personnes qui me sont chères, la petite-fille d’une de mes cousines.

 

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