Résurrection !

Nous traversons l’angoisse, la maladie, la mort de proches que nous n’aurons pas pu accompagner pour un dernier A Dieu. Nous connaissons le silence et la solitude, le vide des heures qui s’égrènent et les journées qui s’écoulent à rythme lent, le travail mis entre parenthèses au risque de faire sombrer nos entreprises, de perdre nos emplois. Nous connaissons l’attente d’un appel téléphonique d’enfants et de petits-enfants que nous ne pouvons voir ou seulement par écran interposé, d’un film ou d’une émission qui pourraient nous distraire. Et pendant ce temps, le flot des informations dresse le tragique bilan de la maladie ou fait écho à de vaines polémiques et nous semble incapable d’aborder d’autres sujets. Tout cela sans que nous puissions percevoir si le terme de ce confinement serait dans deux, quatre semaines ou davantage, ce qui ne fait que rajouter à notre désarroi…

Nous sommes confrontés au vide, celui de nos églises où se déroulent des célébrations sans assemblée de croyants, comme celui des rues de nos villes et de nos villages et nous voilà désemparés. Nous connaissons la sécheresse d’une traversée du désert et nous avons soif. Soif de retrouvailles avec ces autres qui nous agacent parfois mais dont nous découvrons aujourd’hui combien ils sont importants pour nous ; soif de marcher à pas lents dans la lumière du printemps qui nous réserve tant d’enchantements. Soif de la vraie rencontre.

Nous sommes confrontés au vide et nous avons peur. Peur de la maladie bien sûr, pour nos proches et pour nous-mêmes, pour tous les soignants qui sont en première ligne dans ce combat. Peur de cet enchaînement incompréhensible qui fait passer certains d’entre nous des premiers signes à la fièvre, de la fièvre au lit, du lit à l’hôpital, du service réanimation à l’annonce brutale et incompréhensible d’un décès. Mais nous avons aussi peur de ce temps suspendu que nous ne savons pas nécessairement bien emplir de nos vies. Peur de ce vide qui nous met face à nous-mêmes.

Pourtant, souvenons-nous ! Pour les chrétiens, tout a commencé avec le vide d’un tombeau. Et avant ce tombeau, la tragédie de la Passion, la trahison et l’abandon, la souffrance et la mort. S’il n’y avait eu la haine et la lâcheté, s’il n’y avait eu le sang versé, il n’y aurait pas eu ce tombeau vide. Ce n’est que parce qu’il y a eu ce vide que, soudain, nos vies se sont emplies d’une irrésistible espérance.

Alors, un jour viendra où nous connaîtrons enfin la joie de pouvoir sortir de nos foyers, de donner à nos aînés reclus dans un EHPAD la tendresse qui leur a tant manqué, de serrer nos proches dans nos bras, de flâner sans scrupule dans les rues de nos villes et de nos villages, de passer un moment avec des amis… Un jour viendra où nous repasserons la porte de nos églises, et nous aurons alors comme l’impression d’une résurrection !

Résurrection parce qu’enfin nous pourrons revivre, partager, célébrer. Résurrection parce qu’après une telle épreuve nous pourrons tirer les leçons du passé et tenter de bâtir un monde meilleur. Résurrection si nous savons remplacer la rentabilité à tout prix par la sobriété, le chacun pour soi par la fraternité…

Joyeuse fête de Pâques à tous !

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