La laïcité dévoyée

Il y a des événements auxquels on ne prête pas attention. Notamment ceux qui consistent à s’auto-congratuler sous les ors de la République en profitant de la prodigalité de nos édiles. Pourtant, certains méritent d’être examinés de près tant ils en disent long sur les intentions de leurs organisateurs. C’est le cas de la remise des prix de la laïcité 2017 qui a eu lieu dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris le 14 novembre dernier. Ce prix est décerné par un Comité Laïcité-République qui se réclame de la loi de 1905 et entend combattre les fondamentalismes religieux et tout ce qui lui semble être un nouveau cléricalisme. Or, la lauréate du Prix international de la laïcité 2017 n’est autre qu’Inna Shevchenko, l’égérie des Femen, ce qui indique assez clairement la conception de la laïcité que se font les membres de ce comité.

En effet, rappelons ici quelques uns des termes de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat. Son article 1 précise que « la République assure la liberté de conscience » et qu’elle « garantit le libre exercice des cultes ». Son article 26 prévoit qu’il est « interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte ». Enfin, ses articles 31 et 32 prévoient que sont passibles de peines pouvant aller jusqu’à un emprisonnement de six jours à deux mois ceux qui par « voies de fait, violence ou menaces », auront déterminé un individu à exercer ou à s’abstenir d’exercer un culte ainsi que « ceux qui auront empêché, retardé ou interrompu les exercices d’un culte par des troubles ou des désordres causés dans le local servant à ces exercices ».

En récompensant l’égérie des « Femen »,  groupuscule qui s’est illustré par des interventions brutales torse nu et la poitrine marquée de slogans, singulièrement dans des édifices religieux, le jury de ce prix fait peu de cas de ces articles de la loi. Il encourage des agissements de nature à porter atteinte à la liberté de conscience et à troubler l’exercice des cultes. De plus, il récompense une personne dont l’action s’apparente à l’organisation de manifestations politiques dans des lieux de culte. Ce faisant, le Comité Laïcité-République montre clairement que son combat ne vise pas tant à défendre la liberté de conscience et la liberté de culte, qu’à soutenir explicitement celles et ceux qui entendent lui porter atteinte. Ennemis de la liberté au nom d’une prétendue liberté !…

Sans doute les « Femen » ne répondront-elles jamais à la question de savoir pourquoi, lorsqu’elles s’en prennent à des édifices religieux, elles limitent leurs interventions aux églises chrétiennes, ne visent jamais une mosquée, ou une synagogue. Sans doute aussi les initiateurs du Comité Laïcité-République ne s’interrogeront-ils jamais sur le fait que les hauts faits emblématiques de ces « Femen » se réduisent à abattre des croix, détruire des bibles, ou troubler des cérémonies catholiques, et qu’elles n’ont jamais détruit une étoile de David, un exemplaire du Coran ou troublé la prière du vendredi dans une mosquée… Cela leur évite, bien sûr, toute accusation d’anti-sémitisme ou d’islamophobie… On a les lâchetés qu’on peut !

En réalité, en ciblant les seuls catholiques, elles rejoignent les fondamentalistes musulmans qui justifient les violences contre les chrétiens considérés comme des mécréants ou des infidèles et entendent éradiquer toute présence chrétienne au Moyen Orient et au-delà. Mais cela, les animateurs de ce Comité Laïcité-République, aveuglés par leur animosité à l’égard des chrétiens, ne veulent pas le voir et se trompent de combat.

La laïcité est un bien trop précieux pour être laissé en de telles mains !

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