Au delà de la stupeur, au-delà de la peur…

Il y a ces visages qui ont défilé sur Facebook et Twitter. Avec des demandes angoissées d’abord. Avec parfois ces simples et terribles mots : « Nous avons appris la mauvaise nouvelle »… Il y a la stupeur et l’effroi qu’alimentent ces images en boucle et les directs que nous imposent les médias. Il y a les larmes et la compassion. Il y a la prière, le silence et la dignité. Il y a la peur. Il y a la colère.

Et il y a la guerre. La guerre qui nous est déclarée par des criminels. Des fanatiques qui salissent le nom d’un Dieu qu’ils s’approprient en pervertissant leur religion. Des fanatiques qui condamnent ceux qui se réclament d’Allah à être des victimes de la suspicion quand ce n’est pas de la haine. Des assassins qui, dans leur folie sanguinaire, abattent froidement ceux qui croisent leurs pas et leur regard.

Oui, il y a la guerre. Celle que nous n’avons pas voulue, qui s’impose à nous, que nous devons faire malgré nous. En prenant conscience du fait qu’elle nous oblige à envisager qu’il y ait d’autres victimes à l’avenir ; qu’elle nous incite à penser autrement car ceux qui l’ont déclarée n’ont pas le même mode de pensée que nous, qu’elle nous impose de les combattre différemment car ils utilisent sur notre sol des moyens rudimentaires mais ô combien efficaces contre des victimes surprises et désarmées. Combattre sans naïveté ni renoncement à nos valeurs, à notre droit et à notre démocratie.

Oui, il y a la peur qui s’installe car qui peut dire qu’il n’y pensera pas demain en parcourant les couloirs du métro, en emmenant ses enfants à l’école, en s’installant à la terrasse d’un café, en visitant un musée ? Il y a la peur de cet ennemi sans visage. Ou plutôt de cet ennemi dont le visage nous ressemble, comme il ressemble à ceux de nos enfants. Il y a la peur de ces lendemains qui ne connaîtront plus l’insouciance. La peur que l’on veut repousser, et pas seulement parce que l’on nous y invite, mais parce qu’on voudrait faire comme si elle n’existait pas et qui s’impose tout de même. Mais éprouver de la peur, ce n’est pas y céder, ce n’est pas renoncer à se tenir debout, à vivre. Vivre avec, pour ne pas se soumettre.

Et puis enfin, il y a ces questions qui nous taraudent : pourquoi eux, pourquoi nous ? Pourquoi là, ce soir-là ? Pourquoi certains sont-ils tombés quand d’autres, à leur côté, en réchappaient ? Questions sans réponse qui rejoignent celle, indicible, qui a longtemps hanté les rescapés des camps de la mort. Question que la barbarie nous pose aujourd’hui comme hier. A chaque massacre d’innocents. Questions qu’il faut malgré tout dépasser, pour ne pas rester pétrifiés.

 

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