L’Unité ou la défaite ?…

Vous préférez l’unité ou la défaite ? Avec une question pareille, le plus surprenant reste que le PS n’ait obtenu que 90% de réponses positives ! Un score qui ressemble tout de même aux résultats des scrutins dans les démocraties populaires. Un résultat qui d’ailleurs laisse songeur si l’on compte les personnes qui ont voté plusieurs fois et les personnes qui ont été remerciées pour avoir voté alors qu’elles ne l’avaient pas fait… Mais, au delà de l’anecdote, au-delà des considérations tactiques qui ont prévalu dans l’organisation de ce référendum sur l’unité de la gauche, cette initiative confirme que lorsque la défaite est prévisible, lorsqu’il n’y a pas de projet autour duquel se rassembler, il ne reste que l’incantation : « unité – unité – unité !… ». Unité contre les adversaires, et non unité pour dessiner un avenir. Un constat que feraient bien de méditer ceux qui prétendent demain exercer le pouvoir.

Sans doute le PS devait-il réveiller ses militants et sympathisants, les sortir de leur morosité, tenter de provoquer un sursaut dans un électorat qui se résignerait déjà à une victoire annoncée de la droite et à des conquêtes du FN dans ses propres bastions lors des élections régionales. Mais ce faisant, en tirant ainsi ce qui apparaît comme sa dernière cartouche, ce parti renforce le pronostic de sa propre défaite et démontre que, pour lui, seule compte l’apparence de l’unité, car peu importe ce qu’il en fait.

Après le 21 avril 2002 et l’humiliante déroute de Lionel Jospin lors de l’élection présidentielle, le Premier secrétaire du PS qu’était François Hollande avait déployé une énergie considérable pour empêcher son parti de redéfinir de fond en comble son projet. Tout cela parce qu’il fallait, à ses yeux, en garantir à tout prix l’unité. Et donc éviter les débats qui auraient entraîné de réelles fractures entre ses courants. Le résultat est là, plus de trois ans après avoir conquis le pouvoir : un parti incapable de déterminer une ligne qui fasse consensus dans son propre camp, des débats permanents au sein d’une gauche empêtrée dans ses querelles de chapelles, des psychodrames répétés avec ceux qui jouent à « retenez-moi ou je fais un malheur », et au milieu de tout ça, un gouvernement qui navigue à vue, un Président qui reste parfois le spectateur impuissant des postures des uns et du dogmatisme des autres… Bref, rien d’étonnant à ce que les français se sentent comme perdus dans le brouillard, à la recherche de celui qui détiendra ou prétendra détenir une boussole infaillible.

La leçon mérite d’être retenue. C’est aujourd’hui qu’il faut s’interroger sur le type de société que nous voulons, sur le rapport qu’il convient d’établir entre l’Etat et l’économie, sur l’organisation de l’Etat, sur les moyens que nous lui octroyons, sur le lien que nous entendons établir avec nos partenaires européens, les abandons de souveraineté que nous sommes prêts à consentir… S’interroger, c’est débattre. Débattre, c’est assumer ses différences, ne pas craindre les désaccords. Afficher ses désaccords, c’est aussi rendre moins lisible la politique que l’on mène ; il faut donc le faire lorsque l’on n’a pas la charge du pouvoir. Proposer un projet ce n’est pas multiplier les promesses auxquelles d’ailleurs, les électeurs ne croient plus guère. Gouverner, c’est à la fois donner un sens à son action et gérer l’urgence du quotidien. Faute de quoi, on n’a, comme le PS, d’autre issue que l’incantation : l’unité ou la défaite…

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