Vive l’Eurovision… à la mode ”Libé” !

Il fut un temps où le quotidien ”Libération” dissertait avec mépris sur le concours de l’Eurovision, considérant qu’il ne s’agissait que d’une foire commerciale, un ramassis de chanteurs sans talent tout juste capables de nous servir des chansonnettes sirupeuses à souhait, aux paroles insipides servies par des personnes à la voix défaillante. Aujourd’hui, revirement spectaculaire ! Voilà qu’un artiste qui se déclare ”non-binaire” l’emporte et, aussitôt, ”Libé” s’extasie…

Serait-ce une tardive conversion de l’organe de la gauche bobo à ce spectacle qui mêle chauvinisme-beauf et standards de la consommation musicale version hyper-marchés ? Comme s’il fallait enfin  renouer contact avec des masses populaires aux codes culturels bien éloignés de ceux qui ont cours du côté de Saint Germain des Prés ou de la Bastille et de l’Est parisien … A moins  que ce ne soit un engouement soudain pour cette foire musicale parce qu’elle s’est désormais convertie aux modes du moment qui font de la particularité sexuelle revendiquée le must de notre époque ?

Peu importe que la chanson soit bonne ou pas. Peu importe qu’elle soit servie par une voix d’homme – ou de femme, on ne sait plus très bien. Et peu importe d’ailleurs la qualité de  la voix : les arrangeurs, la technique et la sono font des merveilles ! Il fallait juste qu’elle soit à la fois transgressive et consensuelle à souhait autour de l’idéal politiquement correct de notre temps. Que l’on y ajoute un zeste de provocation vestimentaire et scénographique, et une certaine surenchère dans la vulgarité. Sans oublier un ”story-telling” en dehors des normes… 

Le triomphe du ”non-binaire” ou ”non-genré”, appelez-le comme vous voulez, avait un atout : il évitait les fâcheries qu’aurait provoqué la victoire de la chanteuses israélienne. Le politiquement correct avait chassé le politique. L’identité sexuelle avait mis à l’écart les identités nationales. La neutralité suisse faisait le reste. 

Le tempo musical avait enfin permis de ne plus entendre le crépitement des armes automatiques, le fracas des bombes, et les pleurs des enfants martyrisés. Et ”Libé” pouvait ainsi continuer de donner des leçons de morale à tout le monde !…

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