Déclin ?..

Le pire n’est pas certain ! Pourtant, des lézardes apparaissent partout dans l’édifice de ce que fut une nation  forte, jalousée parfois, mais le plus souvent respectée. La Poste abandonne sa mission de service public sans se préoccuper des fractures territoriales qu’elle va provoquer. Notre système de santé que bien des pays nous enviaient est aujourd’hui à bout de souffle. Notre modèle éducatif peine à faire acquérir les savoirs les plus élémentaires à nos enfants et reproduit les inégalités sociales et culturelles qu’il avait pour mission de corriger. Notre Justice est à la peine. Notre diplomatie n’est plus que l’ombre d’elle-même. Notre industrie florissante et notre indépendance énergétique ne sont que de lointains souvenirs. Quant à l’intégration de populations venues d’ailleurs, nous nous en sommes si bien occupés que des quartiers entiers sont entrés dans une dissidence que ne parvient guère plus à camoufler la politique du ”pas de vague” qui avait prévalu jusque-là….

Nous pourrions poursuivre longtemps la désespérante litanie de ces constats qui illustrent le lent mais inexorable déclin de notre pays. Hélas, chaque fois, ce sont les moins favorisés qui pâtissent le plus de ces défaillances et de ces abandons. On peut, bien sûr, s’exclamer : ”c’est la faute à Macron !”, ce qui nous éviterait toute réflexion sérieuse sur le sujet. On peut aussi en rejeter la faute sur un libéralisme débridé à l’oeuvre depuis des décennies et dont on peine à entraver la marche. Ce serait oublier les considérations politiciennes, les accommodements idéologiques et les aveuglements qui ont prévalu des décennies durant dans chacun des domaines cités plus haut. 

On peut enfin considérer que l’Etat n’est pas pour rien dans ce déclin : une machine administrative qui échappe souvent aux élus et veille jalousement à préserver son autonomie. Un Etat, hypertrophié et fort dispendieux par ailleurs, qui ne cesse de se mêler de tout, et multiplie les réglementations comme pour se donner l’illusion qu’il maîtrise des situations concrètes qu’il ignore par ailleurs. Le paradoxe est que cela le distrait d’assumer pleinement les fonctions régaliennes qui sont les siennes et d’être un stratège apte à dessiner notre avenir. Bref, un Etat omniprésent et impuissant en même temps ! 

De Bercy à la rue de Grenelle, de la place Vendôme à l’avenue de Ségur, les couloirs des ministères vivent au rythme de l’urgence à laquelle répondent nos élites en multipliant les dispositifs anti-crise et des plans qui sont autant de tentatives de colmater des brèches ouvertes depuis trop longtemps. Et, dans ce contexte, peu importe que les dépenses publiques s’envolent sans que des garanties soient apportées quant au résultat attendus à long terme ! Chacun sait que la facture sera renvoyée à plus tard…

Alors, nous pourrons continuer à nous étriper autour de l’âge de départ à la retraite, ce qui fait plutôt rigoler nos voisins qui sont loin d’avoir les mêmes avantages que nous. Nous pourrons toujours regarder avec bienveillance les défilés des mécontents et préférer le confort douillet de notre immobilisme au changement. Nous pourrons enfin continuer à rester sourds aux signaux d’alarme qui résonnent de tous côtés. 

C’est ainsi que, lassé d’être ce qu’il fut, notre pays poursuivra son déclin. Sans se soucier des séismes à venir. 

Alors pour 2023, pourquoi ne pas nous souhaiter lucidité et courage ?..

 

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