Après la gifle, la claque ?

Ils sont pathétiques ! Il aura suffi que le successeur pressenti de Jean-Luc Mélanchon donne une gifle à son épouse, que celle-ci soit rendue publique, pour que les caciques de la NUPES multiplient les déclarations les plus étranges sans se rendre compte du ridicule de leur posture.

En droit, une main courante n’est, rappelons-le, qu’une façon de prendre date par une déclaration unilatérale, laquelle ne constitue pas même un début de preuve. Tout au plus est-elle utile dans le cadre d’une affaire judiciaire pour donner des indications quant au déroulement de faits dont la matérialité reste à démontrer. Et, bien sûr, jamais une main courante déposée dans un commissariat n’a à être rendue publique. 

Mais quoi qu’on pense de cette fuite dont la source est encore inconnue*, force est de reconnaître que le spectacle donné par la gauche extrême et les déclarations embrouillées de ses leaders mettent à mal leur volonté de s’afficher comme les seuls vrais défenseurs de la cause féminine. On ne peut prendre la tête de la lutte contre les violences faites aux femmes et, par des déclarations sembler éprouver le besoin de minimiser de tels actes voire même de les nier. On ne peut déclarer qu’en matière de lutte contre les féminicides, les mains courantes déposées dans les commissariats ou les gendarmeries ne peuvent être négligées, et s’étonner aujourd’hui de l’emballement médiatique auquel cette affaire donne lieu. Le plus navrant est d’ailleurs qu’ils ne prennent pas même conscience du fait que chaque déclaration les enfonce davantage !

Mais s’il n’y avait que la France Insoumise qui jouait cette partition ! Les écologistes eux aussi s’en donnent à coeur joie, entre dénonciations et déni, règlements de compte et démissions. Bref, ceux qui depuis des années se revendiquent comme le seul camp du bien se prennent les pieds dans le tapis de la morale et donnent le spectacle d’une gauche ”faites ce que je dis, pas ce que je fais…”

Ceux qui croyaient à une refondation de la gauche autour de la dynamique créée par la NUPES lors des élections législatives en seront pour leurs frais. Nous savions que cet étrange attelage souffrait d’un cruel manque de cohérence programmatique. Mais voilà que c’est d’un autre côté que vient le discrédit. Le naufrage annoncé n’en sera que plus affligeant ! Au demeurant, si nous laissons de côté ces médiocres affaires de comportements inappropriés à l’égard des femmes, et les questions de cohérence qu’elles posent, faire un détour par Stockholm et Rome devrait les inviter à la modestie et à la prudence. En Suède et en Italie, la droite populiste accède au pouvoir sur fond de perte d’influence de la social-démocratie, de recul de la gauche traditionnelle et d’incapacité des gouvernements à traiter efficacement la question migratoire. Faut-il que chez nous, après l’effondrement du Parti socialiste, le discrédit grandissant des forces de gauche laisse un vide tel que cela ouvrirait un boulevard pour une alliance des forces de droite satellisées autour de la plus radicale d’entre elles ? N’oublions pas que depuis juin dernier, le Rassemblement National évite les déclarations tonitruantes et se distingue par sa volonté d’afficher son sérieux et son sens des responsabilités… 

Au bout du compte, le contraste pourrait lui profiter. Et notre démocratie en faire les frais. Après l’affaire de la gifle, la gauche se prépare-t-elle à subir une claque ? Et nous avec ?

* Même si elle a pu être encouragée au sommet de la hiérarchie, la source est nécessairement policière. Alors souvenons-nous seulement qu’en déclarant ”la police tue”, Jean-Luc Mélanchon et les dirigeants de la France Insoumise ne se sont pas faits que des amis dans les rangs des forces de l’ordre et notamment chez les syndicats de policiers… 

 

 

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