Il est grand temps de se réveiller !

Attendions-nous de cette campagne électorale qu’elle nous donne quelques clés pour surmonter la crise qui frappe notre économie, remet en cause notre modèle social et menace la cohésion de notre société autant que les valeurs qui la fondent ? Sans doute ! Comme nous attendions-nous qu’elle redonne de l’espoir à ceux qui désespèrent des échecs successifs des politiques suivies depuis des années ou qu’elle nous donne l’opportunité de revivifier notre démocratie.

Hélas, force est de reconnaître que les doutes sur l’intégrité des uns, les questions esquivées par les autres, les aveuglements sur la réalité des projets et des programmes ont escamoté les débats et, pour finir, créé un vide. Saisis de vertige, les médias sont désormais fascinés par l’incertitude et, plus encore, par les surprises qu’elle réserve ou les dangers qu’elle comporte sans en prendre la réelle mesure.

Certains de nos concitoyens, en attente de solutions n’ayant pas encore été essayées croient découvrir dans les promesses de la candidate d’un parti extrémiste les remèdes à tous leurs maux. D’autres, en quête d’un souffle nouveau, ont cru le trouver dans le lyrisme d’un homme qui leur donne l’illusion de faire vibrer l’avenir.

Pourtant, l’une et l’autre ne sont que deux visages différents d’une même illusion, d’une même nostalgie et d’un même danger. Illusion car tous deux prétendent qu’il suffirait de se replier à l’intérieur de nos frontières, de rompre avec l’Europe pour résoudre tous nos problèmes. Illusion car tous deux promettent d’accroître les dépenses publiques de 100 ou 200 milliards d’Euros, n’hésitant pas à multiplier par deux ou davantage la dette de notre pays, comme si distribuer l’argent que l’on n’a pas et accroître la pression fiscale de manière drastique suffirait pour donner du travail à tous les chômeurs et du pouvoir d’achat à ceux qui ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois. Marchands d’illusions, ils ne conduiraient qu’à la ruine.

Tous deux sont nostalgiques d’une France qui n’a jamais existé que dans leurs rêves. Une France qui serait pure parce que débarrassée de ses étrangers, une France vivant en autarcie, une France où l’Etat serait l’unique ordonnateur de notre économie, de notre bien–être, de nos besoins et, pourquoi pas, de nos pensées…

Tous deux représentent un réel danger. Danger parce que l’un et l’autre ont, au cours de cette campagne, semé la haine. Haine des patrons, des riches et des puissants, haine des élites et des médias, haine de la démocratie représentative, haine de ceux qui ont l’Europe et le monde pour horizon, haine de l’immigré et du musulman, haine de l’autre et de celui qui pense différemment… Danger parce que, malgré ses tentatives de dédiabolisation l’une s’appuie sur un parti totalitaire qu’elle a hérité de son père et qui ne voit autour de lui que des ennemis. Danger parce que l’autre camouffle son sectarisme et l’absurdité de son programme derrière sa culture et son talent de tribun. Peut-on vraiment accorder notre confiance à homme qui préfère Chavez et Castro à des démocrates comme Angela Merkel ?..

L’une et l’autre puisent leurs références dans des idéologies mortifères. Alors, peu importe qu’un zeste de high tech et l’intervention d’un bataillon de geeks sur les réseaux sociaux leur donnent les apparences de la modernité : il n’est plus temps de se laisser griser par les délires de l’une ou de l’autre, de se laisser emporter par le désir d’un grand chambardement ou les frissons d’un grand soir !

Oui, cette campagne donne l’étrange impression d’être passée à côté de ses enjeux. Oui, le choix qui nous est proposé n’est pas satisfaisant. Oui, les autres principaux candidats ne parviennent pas totalement à nous convaincre qu’ils parviendraient à mettre un terme à la crise que nous traversons. Mais cessons de croire que l’Europe ou les étrangers seraient les seules causes de nos malheurs. Cessons de croire qu’abattre le système améliorerait le sort de chacun sans, dans le même temps, détruire des pans entiers de notre économie, ruiner notre système de protection sociale, susciter des troubles graves dont les plus fragiles, les plus pauvres seraient les premières victimes.

Il y a mieux à faire que de choisir entre la peste brune et le rouge choléra ! Les semeurs d’illusions ne récolteraient que la déception, la ruine et la misère, la discorde et la violence. Il est temps de revenir à la raison. Il est grand temps de se réveiller !

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Une réponse à Il est grand temps de se réveiller !

  1. GAYET TURNER dit :

    Bravo, Bruno, je reconnais bien là l’exploitation des enseignements prodigués dans notre Alma mater commune.
    En souhaitant partager ailleurs que sur Facebook les résultats imprédictibles du 23,
    Where to go to discover them, in peace and share?
    cheers
    Yassas comme on dit au pays des sages

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