Hollande – Sarkozy, même combat !..

Quand un Président de la République en exercice se livre au jeu du dialogue avec des français, cela donne lieu à un catalogue de mesures mises en œuvre, assorti d’un inaudible « ça va mieux ! ». Quand un ancien Président de la République et futur probable candidat esquisse ce que serait son programme, cela donne un catalogue de mesures qu’il avait oublié de prendre. L’un et l’autre veulent rejouer le match de 2012. L’un et l’autre se livrent à des calculs politiciens, des manœuvres en vue d’être, à la fin de l’année, le champion de leur propre camp pour la bataille de 2017. En oubliant les Français qui, eux, attendent autre chose.

François Hollande veut tenter le pari qui lui avait réussi en 2012 : être l’homme de la synthèse entre des courants d’une gauche qui faute de savoir se projeter dans l’avenir se retrouverait autour de son plus petit commun dénominateur. Il se voudrait le dernier rempart d’un système de protection sociale menacé. Et pour cela, être celui qui consent à quelques concessions au travers de réformes en demi–teinte.

Nicolas Sarkozy, quant à lui, reste convaincu que la droitisation de son discours va stopper la progression du vote FN. Alors même que les sondeurs observent régulièrement que cette ligne politique contribue au « siphonage » des voix de la droite classique au profit du parti d’extrême droite. Et – plus politicien tu meurs – pour tenter de contrer ses rivaux, il court après des ralliements obtenus à coups de promesses de postes*.

Oui mais voilà : ni l’un ni l’autre ne semblent prendre conscience du décalage entre leurs visions et celle des électeurs. Moins de 3,5 millions de téléspectateurs pour François Hollande dans son émission de la dernière chance du 14 avril, ce qui démontre que ce qu’il a à dire n’intéresse pas les Français, comme s’ils avaient déjà tourné la page. Et les manœuvres d’appareil de Nicolas Sarkozy ne semblent pas davantage couronnées de succès, sa courbe de popularité ressemblant désespérément à un encéphalogramme plat.

Bien sûr, tant que la partie n’est pas finie, bien malin qui pourrait en annoncer le vainqueur. D’autant que l’histoire récente nous montre que l’on n’est jamais à l’abri de surprises.

Ce petit jeu n’est pas à la hauteur des défis qui nous sont lancés et ne répond nullement au besoin de revivifier notre démocratie. Les Français sont moins à la recherche d’un programme qui les satisfasse catégorie par catégorie que d’un projet qui leur ouvre des perspectives. Surtout, nos concitoyens mettent au rebut les vieilles manières de faire de la politique. La « Primaire des Français » et autres initiatives qui prospèrent ici et là démontrent l’émergence d’une forme « d’ubérisation » de la vie politique. Comme si la logique de réseaux s’imposait peu à peu, comme si à la verticalité de nos institutions répondait l’horizontalité voulue par nos concitoyens. Une démarche qui réconcilierait le sens du collectif et la prise de responsabilité individuelle, la libre expression dans le débat et la recherche du bien commun.

Ne nous trompons pas : il ne faut pas attendre de cette « ubérisation » une révolution brutale qui, d’un coup, ferait basculer notre démocratie dans une nouvelle forme de République plus citoyenne. C’est peu à peu que ce mouvement s’imposera en irriguant la vie publique, locale et nationale. Et ne nous leurrons pas non plus sur l’usage que font nos principaux responsables politiques d’internet et des réseaux sociaux. Ce ne sont pour eux que des outils marketing destinés à accroître le nombre de leurs contacts et followers – électeurs potentiels, et non des outils de débat démocratique sur lesquels s’appuyer pour dessiner un projet et re-légitimer une autorité ; autorité qu’ils entendent préserver jalousement.

Alors, oui, représentants d’une vision archaïque de la politique, Hollande et Sarkozy même combat… d’arrière garde !

* Dernier en date : le ralliement annoncé de François Baroin, maire de Troyes et Président de l’association des Maires de France auquel aurait été promis le poste de Premier ministre…

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