Les trois fautes de la gauche

L’exercice du pouvoir est un redoutable révélateur. Révélateur du décalage entre ce que l’on est et ce que l’on prétend être. Révélateur des idées qui déterminent la politique suivie. Révélateur du fossé entre l’électorat que l’on sert et ceux que l’on abandonne sur le bord de la route… De ce point de vue, la gauche n’échappe pas à la règle.

Première révélation : la gauche se retrouve aujourd’hui prise au piège de la leçon de morale qu’elle a tant faite aux autres. Morale publique et comportements individuels s’opposent au grand jour et des démissions à répétition prouvent qu’elle aurait mieux fait de se taire. Qu’a-t-elle fait de la morale ? Elle si prompte, notamment, à accuser de racisme quiconque ose prononcer le mot identité, ou ces catégories populaires qui, confrontées à l’insécurité économique, refusent d’assumer seules les effets de l’immigration…

Seconde révélation : l’étrange débat d’idées auquel elle se livre aujourd’hui donne le tournis. Il y a ceux qui, un jour, prônent la démondialisation, le repli à l’intérieur des frontières avant de se montrer dirigistes, puis enfin libéraux et dérégulateurs. Il y a ceux qui s’affirmaient sociaux-démocrates et se révèlent des libéraux honteux. Il y a les partisans de la décroissance, il y a ceux qui cultivent les dogmes socialistes et apparaissent gestionnaires zélés d’un capitalisme débridé, il y a ceux qui rêvent encore d’un grand soir… Bref, tout cela donne l’impression d’une gauche dont les idées ont fait faillite, au point qu’elle ne sait plus d’où elle parle.

Dernière révélation : le peuple de gauche n’est pas celui que l’on croyait. Au-delà des postures de ceux qui prétendent encore se préoccuper du sort du monde ouvrier, force est de constater qu’ils ont fait le choix d’un modèle économique libéral au détriment des classes moyennes et des catégories populaires traditionnelles. Qu’ils aient fait ce choix ne peut leur être reproché. Mais leur faute est de l’avoir fait sans se soucier du sort de ces laissés pour compte, sans leur donner de perspective. Les abandonnant à l’impression de devoir affronter seuls insécurité économique, désaffection des services publics et désengagement de l’Etat, confrontation avec des populations immigrées… Et l’on s’étonne que ces derniers se replient sur une revendication identitaire, qu’ils se réfugient dans un vote populiste ?..

Cette triple faute de la gauche la conduit à une impasse. Mais d’abord, ce n’est pas propre à la France. Il suffit de voir les scores des partis populistes dans bien d’autres pays de l’Union européenne pour s’en convaincre. Ensuite, que la droite ne se réjouisse pas trop vite : il est temps qu’elle en tire les leçons pour, enfin, penser mondialisation, construction européenne, flux migratoires et intégration, modèle républicain et communautarisme, rôle de l’Etat, développement et protection de l’environnement… Il y a urgence !

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Une réponse à Les trois fautes de la gauche

  1. dromard jacqueline dit :

    bravo pour ton blog continue !

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