Baptême du feu, bataille de médiocres

Comme baptême du feu, il ne pouvait redouter pire ! A peine désigné tête de liste des Républicains pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy a été la cible d’attaques plus déplaisantes les unes que les autres. Ses idées sur l’Europe étaient-elles en cause ? Que non : elles étaient d’ailleurs ignorées de la quasi-totalité de ceux qui l’ont insulté ! Ce qu’ils visaient ? Son physique de gendre parfait (si, si !), le fait qu’il habite Versailles, mais aussi ses convictions religieuses et son opposition personnelle à l’avortement et au mariage de personnes de même sexe !

« Je n’ai pas à m’excuser d’être ce que je suis » a répondu avec philosophie le jeune professeur qui avait été battu aux législatives et qui se lance dans ce combat européen. Ce faisant, il s’est bien gardé de répondre point par point. Avec raison : on ne gagne rien à s’abaisser face à de telles agressions.

Il reste que la violence de ces attaques, le mépris qu’elles expriment pour un homme quel qu’il soit, doivent nous alerter sur la conception qui s’impose peu à peu du débat démocratique. Car la question posée par ce déchaînement de violence verbale n’est pas de savoir si l’on approuve ou pas ses positions personnelles sur l’avortement ou le mariage de personnes de même sexe. Elle est de savoir s’il y a en France des citoyens de seconde zone, cibles désignées de toutes les vindictes, et s’il y a des opinions interdites au pays de la Liberté ! Y aura it-il, désormais, des citoyens autorisés à s’exprimer, y compris sur les sujets dont ils ignorent tout, et d’autres discrédités à raison de leurs seules convictions personnelles et religieuses et, ainsi, mis au ban du débat public ?

Moqués par des humoristes qui ont substitué une niaise ironie à l’intelligence ; sommés de se justifier par des journalistes d’autant plus agressifs qu’ils vivent dans une permanente impunité ; agressés sur leur physique par des ignorants satisfaits d’eux-mêmes ; attaqués sur leur opposition personnelle à l’avortement par ceux pour qui ce mot est devenu un tabou au point d’occulter la douloureuse réalité qu’il recouvre ; dénoncés pour leurs convictions religieuses par ceux qui font de leur athéisme la religion qu’ils entendent imposer à tous, voilà les nouveaux parias de la République ! Bref, tous les « politiquement corrects » de l’époque se sont donné rendez-vous pour prononcer une condamnation et procéder à une mise à mort politico-médiatique…

On a même entendu des membres du parti qui a désigné F-X Bellamy faire la fine bouche en s’excusant de l’avoir comme tête de liste pour la campagne à venir. Ils se sont empressés de clamer leur adhésion à des idées et des lois que leur parti avait en leur temps combattus. On met sa dignité où on peut !..

S’agissant des convictions religieuses, soyons sérieux : étrange lecture de la loi de 1905, qui régit la liberté de croire ou pas, que celle qui cherche à évacuer du débat public ceux qui osent en avoir ! Comme s’il s’agissait d’un délit d’opinion ! Et, au passage, étonnante amnésie de la part de ceux qui comptent pour rien ce que les démocrates-chrétiens, de Robert Schumann à Konrad Adenauer en passant par Alcide de Gaspéri et Jacques Delors, ont apporté à l’Europe…

Quant à l’avortement, combien de fois faudra-t-il répéter que des convictions personnelles ne constituent pas une infraction, d’autant qu’il n’a jamais été question, pour F-X. Bellamy, comme pour tant d’autres, ni de remettre en cause la loi Veil, ni encore moins de s’opposer au droit qu’elle a institué ? Alors cessons-là ce nouveau procès en sorcellerie des temps modernes où le refus d’admettre des convictions différentes s’apparente à un nouvel obscurantisme qui fait fi de toute raison !

Mettons à part les médiocres jeux politiciens que révèlent une fois de plus certaines de ces attaques. Oublions les rancunes personnelles qui donnent lieu à de tels règlements de compte. Laissons de côté les stupides propos sur le physique. Mais constatons navrés que ceux-là même qui nous invitaient à faire de la politique autrement et à ne pas se laisser aller au jeu des caricatures et des petites phrases assassines ont retrouvé les réflexes de l’ancien monde dès lors qu’ils ont découvert un adversaire qui les dérange autant qu’il les dépasse.

Soyons clairs : je ne partage pas toutes les opinions exprimées par F-X. Bellamy, mais j’exècre ces jeux-là ! S’ils n’avaient pour effet que de déshonorer ceux qui s’y livrent, ce serait secondaire. Hélas, ils rongent de l’intérieur notre démocratie en ravalant le débat démocratique à ce qu’il a de pire : la bassesse et la médiocrité qui empêchent l’écoute et la réflexion. Sans doute parce qu’elles relèvent du refus de reconnaître l’autre comme porteur d’une vérité qui nous dérange… *

* Je me suis permis ici de paraphraser Pierre Claverie, évêque d’Oran assassiné en 1996 qui disait : « La vraie tolérance commence quand j’accepte l’idée que l’autre est peut-être porteur d’une vérité qui me manque »…

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