Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles ! En effet, on a appris le 2 mai, que les Français sont plus tolérants qu’on ne le croyait et, plus surprenant encore, commencent à concevoir notre pays comme multiculturel. Paradoxe, si l’on met cette tendance en regard de la progression du vote FN lors des dernières élections départementales et régionales…
C’est le constat du dernier rapport rendu public par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie *. Un rapport qui repose sur une batterie de questions posées de manière identique depuis 1990, permettant une analyse fiable de l’évolution dans le temps des attitudes de nos concitoyens. Que nous apprend ce rapport ?
L’année 2015 marque une nette évolution confirmant le mouvement déjà observé une année plus tôt : « l’échelle de tolérance » à l’égard de la diversité a progressé de 10 points depuis 2012, et l’ensemble des minorités bénéficie de ce mouvement. Ainsi, la communauté noire n’a jamais été aussi bien acceptée depuis 1999 ; les juifs sont la communauté la mieux acceptée de France et enfin, les maghrébins quant à eux, voient la tolérance à leur égard progresser de 12 points depuis 2013. Seule la communauté Rom semble encore mal acceptée, bien qu’elle bénéficie d’une bienveillance en net progrès également.
Autres chiffres : 53% des Français se déclarent « pas racistes » alors qu’ils sont 33% à affirmer que les races humaines n’existent pas et 57% à considérer que toutes les races humaines se valent. Des chiffres encourageants qui montrent que les discours racistes et xénophobes peuvent plus difficilement trouver un écho positif dans l’opinion. Au surplus, non contents de ne pas donner prise à de tels discours, 7 Français sur 10 estiment nécessaire que soit menée une action vigoureuse contre le racisme ou l’antisémitisme et plus de 6 sur 10 pensent que devrait être conduites des actions contre les préjugés envers les musulmans.
Sans doute, le mouvement observé par ce rapport de la CNCDH mérite-t-il d’être nuancé car, dans le même temps, il montre la nette augmentation, en 2015, du nombre d’actes racistes, xénophobes et antisémites (2034 en 2015 contre 1542 en 2012). Des actes auxquels un large écho médiatique a été donné après les attentats de janvier et de novembre. Avec une montée significative du nombre d’actes anti-musulmans. Ce constat peut donner l’impression inquiétante que certains individus, dans la frange la plus raciste ou xénophobe de la population, trouvent dans les discours sur ce sujet des alibis pour leur propre penchant vers la délinquance.
Il reste cependant une mauvaise nouvelle : le fait que nos dirigeants, qu’ils soient de droite ou de gauche semblent en retard par rapport à l’opinion. Ceux qui, chez les Républicains, croient encore devoir « droitiser » leur discours alors même que leur électorat est celui dont le degré de tolérance a progressé le plus nettement ces dernières années. Ceux de gauche, qui se sont contenté depuis les attentats qui ont endeuillé l’année, de tenir des discours moralisateurs sur la fraternité et le « vivre ensemble », tout en se montrant pour le moins frileux en ce qui concerne l’accueil des réfugiés syriens et pusillanimes quant au projet de déchéance de nationalité.
Une fois de plus, les Français ne correspondent pas tout à fait au portrait que leurs dirigeants se font d’eux. Une fois de plus, ils leur donnent des leçons. Cette fois, c’est une leçon de tolérance qu’il s’agit. Même si cela ne préjuge pas de leur vote, c’est plutôt rassurant, non ?
* Publié à la Documentation Française et dont on trouvera le résumé sur le site de la Commission nationale consultative des droits de l’homme : www.cndch.fr