Pour célébrer Noël, le récit d’Erri de Luca sur la naissance de Ieshu…
« Je me mis debout et m’appuyai contre la mangeoire. Derrière moi, les museaux de l’ânesse et du bœuf, et un des deux me lécha la nuque. J’avais leurs souffles dans les oreilles. Ensemble, ils avaient un rythme enlevé de marche rapide. Je réglais ma respiration sur la leur. Les bêtes me donnaient de la force derrière moi.
Iosef était sûrement devant la porte, de garde. Au loin, les bergers appelaient les brebis égarées.
« C’est une belle nuit pour sortir, mon petit agneau, une nuit limpide en haut et sèche sur terre. Le voyage est fini et tu as attendu cette arrivée pour naître. Tu es un bon petit, tu sais attendre. Maintenant nais, ton père t’attend. Il s’appelle Iosef, quand il entrera nous lui dirons : cher Iosef, moi je suis Ieshu, ton fils. Tu verras quelle surprise, quelle tête il fera. Ton père sur la terre est un homme courageux, tu lui ressembleras. »
Le bœuf a mugi doucement, l’ânesse a secoué fort ses oreilles. La première bienvenue au monde de Ieshu, mon fils, fut un applaudissement de bêtes. »
Erri De Luca « Au nom de la mère »
Merci Bruno pour cette référence nourrissante, qui remet l’histoire de Noël à hauteur d’humain, avec une figure de père « adoptif » comme on les espère, y compris avec les réformes légales autour de la famille. Car des pères spirituels, solides et bienveillants sont sans nul doute source de re-fondation pour certains jeunes en quête de sens.