Ce que révèle l’affaire Volkswagen…

L’affaire des logiciels de voitures trafiqués par Volkswagen peut inciter à une critique virulente des dérives du capitalisme. Un système où les entreprises n’hésitent pas à organiser la violation des réglementations en vigueur pour vendre davantage de produits et augmenter leurs profits. En la matière, rien de nouveau sous le soleil ! Et si l’on peut s’insurger contre les méfaits d’un système économique ainsi dévoyé, en rester là est insuffisant car cette affaire est aussi révélatrice de la faiblesse de nos états.

En effet, il est singulier de constater que malgré les normes établies par des autorités multiples, qu’elles soient européennes ou nationales, aucune administration n’a été en mesure de déceler la supercherie. Là, comme dans d’autres affaires, il a fallu la vigilance d’associations et de lanceurs d’alerte pour découvrir ce trafic. Si cela ne nous surprend pas s’agissant des USA, où l’intervention de l’Etat se limite à sa plus simple expression, cela est plus troublant de ce côté de l’Atlantique. Et l’on découvre ici que nos états pourtant bien prompts à édicter des normes de plus en plus nombreuses et contraignantes, ne disposent pas des moyens nécessaires pour en vérifier le respect. Des états en retard d’une technologie, démunis pour détecter ces nouvelles formes de délinquance que permet l’informatique. Comme si leur seule préoccupation était la production de normes, pas leur application. Comme si seule comptait l’apparence de l’Etat, pas son exercice.

En fait, s’il est heureux que des lanceurs d’alerte révèlent de tels scandales – celui-ci comme d’autres – nous devons comprendre que nous assistons à une privatisation de la fonction de contrôle du respect des règles, les états étant devenus partiellement incapables de l’assumer. Si une telle évolution comporte un risque, celui de la partialité, elle est aussi le signe d’une évolution plus préoccupante que nombre d’affaires mettent en évidence : l’extrême difficulté de nos structures étatiques à s’adapter à l’ouverture des frontières, à l’émergence d’une nouvelle économie et aux effets de la révolution technologique.

Nous avons compris depuis longtemps déjà que l’Etat ne dirigeait plus l’économie. Nous savons que la conjonction des nouvelles technologies et de la mondialisation favorisent l’émergence de nouveaux comportements et de nouveaux acteurs qui ignorent les frontières. Et dans le même temps, nos administrations ont observé ces mouvements sans les comprendre, sans s’interroger sur ce qui serait demain leur fonction dans un paysage profondément modifié. Ce retard d’adaptation laisse toute latitude à un libéralisme que rien ne vient entraver. A trop vouloir préserver un Etat – providence, on oublie que sa fonction est aussi d’assurer la régulation du système. Il est temps de s’interroger sur la manière de le faire. Parce que si le libéralisme est fruit d’un esprit de liberté, il se pervertit dès lors qu’il ne connaît pas ses limites. Parce que si le modèle soviétique est mort d’un excès d’état, nous avons tout à perdre à un excès de faiblesse de l’Etat.

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