Liberté, Egalité, Fraternité…

Du 14 juillet, on retient le plus souvent les défilés, les bals, les feux d’artifice. Et si c’était aussi l’occasion de revisiter notre devise républicaine ?

Liberté. Liberté chèrement conquise, qu’avons nous fait de toi ? La liberté de penser autrement que le pouvoir en place, la liberté d’exprimer ses opinions, différentes de l’opinion dominante, de faire entendre sa voix sans risquer l’arbitraire d’une justice aux ordres. Liberté de critiquer sans provoquer la haine ou la vengeance. Une liberté qui demeure, collectivement réaffirmée avec force dès qu’elle est menacée. Sauf que… Aurait-on oublié que la liberté d’opinion exige le respect des personnes qui pensent différemment, qu’elle implique la confrontation des arguments, l’acceptation du débat sans que celui-ci soit confisqué par quelques uns ? Car si toutes les opinions ne se valent pas, ni la caricature ni le déni n’ont jamais permis de combattre les erreurs, et moins encore les idéologies totalitaires. Cela demande des efforts, de la réflexion, une discipline. La liberté n’est pas qu’un droit. Elle est aussi exigence !

Liberté de croire. Ou pas ? Souvenons-nous : dans une société où l’Eglise était étroitement liée au pouvoir politique, le combat pour la liberté avait commencé par celle de ne pas croire ou de croire autrement… Serions-nous aujourd’hui entrés dans une situation inverse ? Le fait de ne pas croire devenu la norme, tandis que ceux qui croient devraient reconquérir le droit de vivre leur religion sans se faire agresser ou ridiculiser…

Comme le chantait Georges Brassens, « non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux »… Et si nous évitions d’être les « braves gens » de la chanson ?

Egalité. Egalité de droits et de devoirs, égalité devant l’impôt, comme devant les services et les protections qu’offre la collectivité. Des devoirs à proportion des moyens de chacun. Mais prenons garde : imposer des devoirs aux uns sans les faire partager aux autres, mettrait en danger la solidarité. Au risque de susciter une forme de rejet du pacte social. La solidarité ne consiste pas à tout demander à ceux qui ont plus, mais à demander davantage à ceux qui en ont les moyens. C’est cette exigence qui donne corps à l’égalité.

Egalité qui donne à chacun la possibilité d’épanouir ses propres talents. Non, nous ne sommes pas tous égaux devant la naissance, l’intelligence, la beauté, les aptitudes physiques… Mais vouloir à toute force imposer un nivellement de la culture, de l’éducation pour ne pas ostraciser ceux qui ont moins d’aptitudes que d’autres, n’est-ce pas faire violence à ces derniers en les privant de la possibilité d’épanouir leur propre talent ? N’est-ce pas se priver de la richesse qu’ils peuvent créer ? N’est-ce pas aussi condamner sûrement ceux qui ont moins d’aptitudes à ne pas trouver leur talent propre ? Au risque de renforcer les inégalités…

Fraternité. Fraternité pour reconnaître que l’autre peut avoir besoin de plus que moi. Fraternité pour reconnaître que l’autre est parfois porteur d’une vérité qui me dérange. Fraternité pour accepter que ses croyances, sa culture, sa différence, sont une richesse pour moi, pour la collectivité. Fraternité, pour considérer que la personne est plus importante que ses origines, son éducation, son statut social. Fraternité pour vivre ensemble, tout simplement. Fraternité, ce beau mot sans lequel les deux autres sont vides de sens.

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