Deux mots pour 2015 !…

Aux maux qui gangrènent notre société, il est des mots qui apportent des remèdes. En guise de voeux, nous pourrions en retenir deux pour 2015 : tolérance et sobriété.

Tolérance, parce que rarement la société française aura autant semblé en manquer. Et les sujets les plus divers démontrent l’incapacité dans laquelle nous sommes désormais de dialoguer avec ceux dont nous ne partageons pas les idées. Les grands projets (de Notre Dame des Landes à Sivens…), le mariage, la procréation ou la fin de vie, l’identité, l’acceptation du fait religieux dans notre société (qu’il s’agisse de l’Islam, du christianisme ou du judaïsme), l’immigration ou la pauvreté en sont autant d’illustrations. Sujets sur lesquels les positions des uns ou des autres semblent irréductibles au point de donner lieu à un dialogue de sourds. Les postures comptent davantage que le désir de comprendre, la recherche de la cohabitation ou du compromis. Jusqu’à conduire à la violence…

Pour qu’il y ait dialogue il faut tout à la fois ne pas renier ses propres convictions, et accepter que l’autre ait les siennes, différentes, lesquelles seraient aussi respectables. Or, force est de constater que si l’on ne renie plus ses convictions, on assiste trop souvent à la négation de celles des autres. Comme pour imposer les siennes propres.

« La vraie tolérance commence lorsque j’accepte l’idée que l’autre est peut-être porteur d’une vérité qui me manque », estimait Pierre Claverie, évêque d’Oran. On pourrait même ajouter : « d’une vérité qui me dérange… », tant il est vrai que la découverte et l’acceptation de la différence sont infiniment plus riches que la peur de l’autre et le refus du dialogue. Lesquels précèdent toujours la censure. Et former le vœu que, de la confrontation et du dialogue puissent émerger des compromis acceptables, ce n’est pas rêver à d’impossibles consensus. Aussi souhaitons une année où la tolérance revienne, qui permette de renouer de vrais dialogues.

Sobriété ensuite. Non pas par goût de la provocation à quelques heures de la fin d’année, ou par souci d’être à contre-courant alors que la consommation la plus effrénée bat son plein. Mais sobriété parce qu’il est urgent de retrouver le sens de l’utilité et des réponses aux vrais besoins. Qu’il s’agisse de nos dépenses publiques, de nos dépenses de santé que nous restons incapables de maîtriser, de notre consommation d’énergie destructrice de notre environnement… Nous le savons, nous ne pouvons dans aucun de ces domaines, poursuivre au rythme actuel. Nous savons aussi que les pays émergents ne pourront suivre le même modèle de développement que le nôtre sans conséquences cataclysmiques pour notre planète. Et comment leur demander des efforts que nous aurons été incapables de faire ?..

Alors, formons le vœu qu’en 2015, nous sachions entamer une vraie réflexion pour un Etat et une société plus sobres. Cela ne se fera pas en refilant le mistigri aux responsables politiques chargés de trouver des solutions qui ne nous contraindraient pas. Cela se fera en acceptant que celles-ci se traduisent par des renoncements, en modifiant nos comportements. Et pour accepter ces changements, encore faudra-t-il en débattre. Ce qui veut dire : écouter ce que d’autres ont à nous dire, accepter que leurs idées diffèrent des nôtres, accepter que les solutions retenues ne soient pas toujours celles que nous voulions. Accepter le débat démocratique et ses conclusions. Tolérance…

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